Les panneaux se mettent en place
A vingt-quatre heures du début de la campagne électorale et au premier jour du printemps, la scène s’emballe avec la mobilisation et l’action des plus importantes figures de la classe politique.
Alors que la campagne électorale débutera demain, les candidats à l’élection présidentielle du 17 avril ont déjà passé la première vitesse de leurs actions politiques visant à défendre leurs candidatures respectives et à présenter leurs programmes. Et la scène politique s’emballe, puisque un ex-président, un Premier ministre en exercice et trois ex-Premiers ministres se sont exprimé jeudi dernier dans les différents médias nationaux, un premier jour de printemps. Il faut dire que le week-end de jeudi a été marqué par plusieurs interventions politiques.
La plus «importante» a été la sortie médiatique de l’ancien président, Liamine Zeroual, qui avait décidé de sortir de son silence ce 19 mars, après plus de 25 ans de silence. L’ancien locataire d’El Mouradia a adressé une lettre au peuple algérien à travers trois quotidiens de la presse nationale, appelant à l’unité de l’Armée et en l’invitant à aller voter massivement le 17 avril prochain. Cette sortie politique inattendue, selon certains observateurs, de l’ancien président, a indirectement boosté une manifestation dans les rues de Batna pour protester contre les déclarations involontaires de Sellal sur les Chaouis. La sortie de Zeroual a poussé certaines figures politiques à s’exprimer sur les différentes télévisions et à répondre à sa proposition en faisant une analyse pointue de la situation politique du moment. En effet, cette déclaration politique d’envergure d’un ancien président de la République a été très attendue par le candidat Benflis qui a relayé l’information à travers son réseau social et ses canaux de communication.
Quelques heures après la publication de la lettre de Zeroual, le candidat Ali Benflis a envoyé aux différents médias une lettre de soutien et de remerciements à l’ancien président de la République, même si ce dernier n’a pas affiché ouvertement son soutien au candidat Benflis. Mais d’autres responsables politiques n’ont pas apprécié la sortie médiatique de Zeroual, c’est le cas de l’ancien Premier ministre, Abdelaziz Belkhadem, qui s’est dépêché de réagir aux propos de la lettre de Zeroual sur la chaîne Ennahar TV vers 22h. Presque au même moment, l’autre ex-Premier ministre, Ahmed Ouyahia, donnait un aperçu de son talent de communicant en s’exprimant en tamazight sur la chaîne algérienne de droit français, Berbère TV. A travers ce passage dans une télévision d’expression amazighe, l’ancien Premier ministre avait pour objectif de séduire l’électorat kabyle, généralement réfractaire aux candidats du pouvoir.
Sur le plan audiovisuel, Belkhadem et Ouyahia, les deux principaux piliers de la communication du candidat Bouteflika sont en mission de séduction des électeurs algériens. Ils sont suivis pas à pas par Amara Benyounès qui s’est, quant à lui, exprimé sur Dzair TV où il a répondu aux différentes préoccupations et attentes des citoyens. Même si le débat politique pour la présidentielle s’est focalisé et limité aux deux candidats, Benflis et Bouteflika, les partisans de Bouteflika sont plus visibles et plus présents sur le petit écran que les partisans de Benflis. Ce dernier n’a pas répondu aux différentes sollicitations des différentes chaînes de télévisions privées pour s’exprimer dans les différentes émissions, notamment Ennahar TV et Dzair TV.
Même le directeur de campagne du candidat Bouteflika, Abdelmalek Sellal, s’est impliqué dans cette opération de Com, puisqu’il est également passé sur le plateau de la nouvelle chaîne d’information, Echourouk News. Devant cette bipolarisation de la politique nationale, les deux candidats s’affrontent par médias interposés en l’absence criante des quatre autres candidats à l’élection présidentielle. Si Belaïd Abdelaziz s’est avancé pour s’exprimer sur la chaîne Beur TV et Louisa Hanoune s’est longuement exprimée dans L’Expression, les candidats Touati et Rebaïne sont totalement effacés de la scène médiatique. Ils ne se sont pas encore lancés dans la campagne, visiblement oubliés par les médias audiovisuels.
Même leurs représentants sont absents du paysage médiatique. Cette absence sur le terrain favorise une occupation de l’espace et du terrain par les partisans du boycott qui ont reçu l’autorisation de s’exprimer hier à la salle Harcha et qui se sont largement exprimés devant une salle acquise à leur cause et à leur thèse. En attendant le début de la campagne électorale demain, les Algériens entendent quitter les grandes villes et leur brouillard politique pour passer deux semaines de vacances encouragés par le soleil et les premières couleurs du printemps.