Le vétéran, Joe Biden (à droite) et le jeune Paul Ryan, représentent deux manières de voir l’Amérique, la politique, l’économie et le social
Le vice-président démocrate, Joe Biden, sera aujourd’hui vis-à-vis de son challenger républicain, Paul Ryan, dans un débat télévisé où les deux hommes feront valoir deux styles et deux visions de l’Amérique.
Deux générations différentes, deux personnalités aux antipodes, deux visions opposées de l’Amérique: tout sépare les candidats à la vice-présidence, le démocrate Joe Biden et le républicain Paul Ryan, qui s’affrontent en débat jeudi dans le Kentucky (centre-est). Si moins de foyers américains auront les yeux rivés sur leur écran que pour les débats présidentiels, l’exercice pourrait s’avérer stratégique dans la perspective du scrutin du 6 novembre: les démocrates espèrent remonter la pente après le premier débat raté de Barack Obama face à son rival républicain Mitt Romney. L’actuel vice-président Joe Biden, 69 ans, reconduit comme colistier par Barack Obama, aura la lourde tâche de saisir les opportunités manquées du président d’attaquer les positions de Mitt Romney et de son jeune faucon Paul Ryan, 42 ans. Que ce soit sur la sécurité sociale ou le sauvetage de l’industrie automobile, le combat Biden/Ryan s’annonce haut en couleur. D’un côté, Joe Biden, originaire de Pennsylvanie (est), vétéran de la politique, élu six fois au Sénat des Etats-Unis, proche des classes moyennes et ouvrières, défenseur des programmes sociaux et des droits des homosexuels. Cet homme charmeur et blagueur, avec qui beaucoup d’Américains estiment qu’ils pourraient prendre une bière, serait un atout majeur pour le ticket démocrate s’il n’avait pas un irrésistible défaut: sa propension à laisser échapper gaffes et déclarations à l’emporte-pièce que ses alliés s’évertuent ensuite à atténuer. Par exemple en août, quand il assure que les propositions de Mitt Romney sur les banques revenaient à «remettre des chaînes aux pieds des Américains» lors d’un discours dans l’ancien Etat esclavagiste de Virginie (est). Ou au début du mois lorsqu’il affirme que la classe moyenne «a été dévastée ces quatre dernières années». En face, le contraste avec son rival républicain, de 27 ans son cadet, est criant. Encore peu connu du grand public, Paul Ryan est un pur produit de Washington, élu représentant au Congrès pour la première fois à 28 ans dans son Etat natal du Wisconsin (nord) et réélu six fois depuis. Grand brun athlétique au regard bleu et anxieux, ce fervent catholique fou de sport est connu pour être le chantre du conservatisme fiscal ainsi qu’un ardent défenseur d’une réduction des dépenses publiques et d’une baisse des impôts pour les plus riches. Président de la commission du budget à la Chambre, il est contre l’assurance maladie imposée par Obama, contre l’avortement y compris en cas de viol, et pour le port des armes à feu, étant lui-même un passionné de chasse. Comme face à Sarah Palin en 2008, Joe Biden sera confronté jeudi à un personnage jeune, ambitieux et charismatique, suscitant l’enthousiasme des plus conservateurs et qui cherchera à lui faire perdre patience ou laisser échapper une gaffe. Mais en 2008, Joe Biden n’était pas tombé dans le piège et était resté courtois face à une Sarah Palin provocatrice, évitant par dessus tout de paraître donneur de leçons. Il avait pris l’avantage sur la candidate, certains commentateurs estimant que le candidat républicain à la Maison Blanche d’alors, John McCain, avait principalement perdu la course à cause de sa colistière. Après cet unique débat entre les candidats à la vice-présidence, deux derniers débats présidentiels sont prévus, les 16 et 22 octobre.