Présidentielle : une échéance à vulnérabilités multiples

Présidentielle : une échéance à vulnérabilités multiples

Les grèves et les marches corporatistes, qui essaiment à l’approche du scrutin, ajouteront de la tension à un climat déjà fort délétère.

Le dépôt des dossiers des candidats à la candidature à l’élection présidentielle prévue pour le 12 décembre a été clôturé samedi à minuit. Au total, l’Anie a réceptionné 22 dossiers. Les postulants ne sont pas tous connus, une dizaine ayant frayé avec le système et occupé de hautes fonctions politiques, notamment durant le pouvoir de Bouteflika.

Ce sont ces derniers qui ont le plus de chance d’être retenus pour les joutes finales. En effet, à regarder de près la trajectoire politique des principaux prétendants à la magistrature suprême qui ont déposé leur dossier de candidature auprès de l’Autorité nationale indépendante des élections (Anie), on peut dire qu’on est bien parti pour assister, si d’aventure la présidentielle du 12 décembre venait à avoir vraiment lieu, à une élection intra-muros au système.

L’ancien chef de gouvernement de Bouteflika et président de Talaie El-Houriat, Ali Benflis, tout comme l’ancien Premier ministre du même Bouteflika Abdelmadjid Tebboune, ou encore l’ancien ministre de la Culture sous Bouteflika et secrétaire général du RND, Azzedine Mihoubi, l’ancien président de l’organisation satellitaire UNJA et actuellement président du front El-Moustakbel, Abdelaziz Belaïd, sont tous issus de la même matrice idéologique et ont fait toutes leurs classes politiques au sein du système FLN.

Bien évidemment, des candidats comme Abdelkader Bengrina, Fares Mesdour ou encore Abderrahmane Arar pourraient être de la partie, mais pèseront peu dans la compétition. Aussi, l’on peut aisément dire que le 12 décembre prochain le système est quasiment assuré de sortir vainqueur de la compétition, étant donné que la joute se passera entre “ses enfants”. Aussi, la présidentielle, que le gouvernement Bedoui s’apprête à organiser, donnera d’elle l’image d’un scrutin biaisé et non pluraliste.

Mais sa plus grande vulnérabilité est à coup sûr son rejet par un grand nombre d’Algériens qui, deux jours par semaine et depuis plus de huit mois, expriment leur refus d’aller aux urnes avant le départ des principales figures du système, à leur tête le chef de l’État intérimaire, Abdelkader Bensalah, et son Premier ministre, Noureddine Bedoui.

Et à l’approche de cette élection de toutes les incertitudes, les syndicats autonomes ainsi que la corporation des avocats et surtout celle des magistrats se sont mis de la partie en appelant par-ci à des grèves et par-là à des marches. Ce qui ne manquera pas de rajouter de la tension à un climat déjà fort délétère. Comment les autorités comptent-elles s’y prendre dans de telles conditions pour mobiliser les Algériens et les convaincre d’aller aux urnes ?

Comment les candidats feront-ils pour animer leurs campagnes électorales et tenir leurs meetings ? Une vraie gageure que le régime ne désespère tout de même pas de tenir. Non plurielle, mais surtout impopulaire et forcément peu crédible, la présidentielle du 12 décembre, si elle venait à avoir lieu, porterait à la tête du pays un président sans grande légitimité qui ne lui permettra pas de faire les arbitrages nécessaires en position de force et de trancher dans le vif, si nécessité il y a, sur les grands dossiers qui l’attendent, mais aussi de peser peu ou prou sur les événements, en Algérie comme à l’international.

Arab Chih