Dans quelques heures, les bureaux de vote ouvriront leurs portes sur tout le territoire français pour accueillir les quelques 45 millions d’électeurs inscrits. Ils sont appelés à se prononcer sur une présidentielle qui annonce déjà un duel serré entre le candidat sortant et celui du parti socialiste, François Hollande.
Sarkozy qui a basé sa campagne sur la peur et la haine de l’immigré et de l’étranger a été donné battu, y compris au second tour du 6 mai, par plusieurs sondages publiés dans la presse hexagonale.
Cette élection survient aussi dans un climat de crise de la croissance, de hausse du chômage et d’incertitudes sur la zone euro, des thèmes bien exploités par le candidat socialiste qui a su éviter les dérapages dont se sont rendus coupables Sarkozy et la droite tout au long de cette campagne électorale.
La dispersion de l’électorat de gauche, notamment en faveur du candidat du Front de gauche, Jean-Luc Mélenchon ne semble pas avoir handicapé le candidat socialiste. Bien au contraire, son ascension phénoménale dans les sondages, dégageant même parfois la candidate de l’extrême droite Marine Le Pen de sa confortable troisième place, pourrait servir de tremplin à Hollande lors du second tour du scrutin.
Par ses sorties incongrues et celles de ses amis de l’UMP ciblant les immigrés et les étrangers, Sarkozy aura même réussi à mobiliser une partie des abstentionnistes potentiels contre lui. Notamment les français d’origine étrangère qui subissent toutes sortes de brimades depuis son accession à Élysée en 2007.
Parmi eux, il y a évidemment les français d’origine algérienne et les détenteurs de la double nationalité qui sont quelques deux millions à être appelés à voter dans ce scrutin. Quel sera le comportement de cette communauté lors de cette élection ? Une communauté désabusée vis-à-vis de la classe politique française qui a fini par se persuader que le vote ne changera rien à sa précarité.
Un électorat hétérogène
C’est un scrutin jugé crucial pour cette communauté qui n’arrive toujours pas à former un électorat homogène. Cela n’étonne pas les observateurs qui font le constat que les français d’origine non européenne en général, et algérienne en particulier ont fini par démissionner de la vie politique dans l’Hexagone.
« Le taux d’abstention des périphéries urbaines particulièrement élevé aux élections n’est pas surprenant. Depuis des décennies, quelle que soit la couleur politique du gouvernement, la condition des populations de ces territoires ne cesse de se dégrader » pense un ancien acteur associatif œuvrant pour la représentation politique des français d’origine non européenne.
Selon son analyse, l’ampleur de l’abstention semble indiquer que des pans entiers de la population ont perdu confiance dans les institutions et les appareils politiques.
Aujourd’hui, il est à se demander si les franco-algériens ne vont pas se mobiliser, même sans consensus préétabli, pour sanctionner le candidat sortant qui non seulement a longtemps stigmatisé les étrangers et les musulmans, mais a également multiplié les provocations contre l’Algérie et les algériens, en rendant hommage aux sanguinaires de l’OAS, de triste mémoire, qu’il veut hisser sur le piédestal de l’histoire, et en instrumentalisant la question des harkis.
Même disparate l’électorat franco-algérien est capable de faire mouche dans un pays où la différente des voix est souvent insignifiante, par rapport au nombre de voix dont disposent les français d’origine non européenne.
Ce n’est pourtant pas évident, pensent certains universitaires qui estiment qu’« il est important pour les franco-algériens de ne pas se laisser enfermer dans le soutien à un camp politique donné ».
« Les demandes de la communauté, si tant est que cette dernière existe pleinement, sont diverses et le non alignement sur un candidat unique est un signe d’intégration et de maturité de parcours citoyen et d’intégration des franco-algériens » dit un universitaire qui considère le vote ethnique comme une impasse. Parce qu’un candidat n’est pas seulement soutenu par rapport à ses positions pour l’Algérie, mais aussi par rapport à ses propositions économiques et sociales pour la France où ils vivent.