De quoi sera fait l’avenir des relations algéro-françaises après le 7 mai prochain ? Le deuxième tour de la présidentielle française opposera le candidat Emmanuel Macron, grand favori de cette élection, à Marine Le Pen qui, elle, compte bien préserver son score et glaner les voix des indécis.
Tout compte fait, l’Algérie qui suit de très près l’évolution de ce scrutin atypique aura, dans tous les cas de figure, à composer avec une France nouvelle mais surtout débarrassée de ses traditionnels clivages gauche-droite, du moins le temps d’un quinquennat. Et sur ce plan, il n’est pas impossible que l’Algérie perde un peu ses repères avec le nouveau ou la nouvelle locataire de l’Elysée. Habituée à travailler avec des présidents issus soit de gauche, soit de droite, Alger a toujours su à quoi s’en tenir.
Maîtrisant parfaitement cette culture politique, en alternance entre la gauche et la droite, l’Algérie pourrait, du moins dans un premier temps, paraître hésitante et indécise avec un Emmanuel Macron surprenant et incarnant un changement de cap profond en termes de gouvernance. Il est vrai que le déplacement de Macron en Algérie en mars, dans le cadre de sa campagne électorale, n’a pas laissé indifférent.
Les déclarations de ce dernier à Alger sur la colonisation qu’il a qualifiée de «crime contre l’humanité», ont provoqué un élan de sympathie singulier. Jamais de mémoire une personnalité politique française n’était allée aussi loin en assumant le passé peu glorieux de la France. Des propos qui peuvent en effet opérer comme un véritable calmant sur des rapports souvent ombrageux dès qu’il est question du contentieux de mémoire non encore «soldé». La position du candidat d’En Marche, saluée en Algérie, laisse donc entrevoir un futur plutôt apaisé.

Les relations entre les deux pays s’annonceraient, de ce point de vue, sous un ciel dégagé et propice au développement d’une «liaison» dépassionnée. Dans le cas où Marine Le Pen – hypothèse peu probable – est élue première femme présidente, il faudra s’attendre à ce que notre pays prenne ses précautions pour plusieurs raisons. Nul doute que les rapports avec une France sous le règne d’une Le Pen ultranationaliste vont radicalement changer. Cette option peut même ouvrir de nouveaux fronts de «bataille» entre Alger et Paris.
Connue pour ses déclarations incendiaires contre l’Algérie, l’immigration et l’Islam…Marine, présidente, pourrait chambouler de fond en comble les relations bilatérales entre les deux Etats. A raison, la politologue Louisa Dris Aït Hammadouche prévoit, dans ce cas de figure, une crispation certaine entre les deux Etats. «Les relations algéro-françaises seraient susceptibles d’être impactées en cas de victoire de Marine Le Pen au second tour. Avec des réseaux algérianistes et révisionnistes comptant parmi ses principaux soutiens, il faut s’attendre à une crispation des relations bilatérales. Mais comme le répète souvent le gouvernement algérien, l’Algérie traite avec les Etats, pas avec les régimes… Les intérêts structurels finiront par prendre le dessus».