Mohamed Morsi, le candidat des Frères musulmans, aurait obtenu 52% des suffrages face au candidat du pouvoir, selon des estimations de la confrérie. Mais les attributions du futur président seront limités après que l’armée s’est arrogée les pouvoirs législatifs.
Les Frères musulmans ont revendiqué, ce lundi, la victoire de leur candidat Mohammad Morsi à l’élection présidentielle en Egypte des 16 et 17 juin.
Les Frères Musulmans ont annoncé que Mohammad Morsi avait obtenu 52% des voix contre 48% pour Ahmad Chafiq. « Le docteur Mohammad Morsi est le premier président de la république élu par le peuple », a affirmé sur son compte Twitter le Parti de la liberté et de la justice (PLJ), bras politique des Frères musulmans, présidé par Mohammad Morsi. Lors du premier tour de la présidentielle, les premières estimations données par les Frères musulmans s’étaient avérées très proche du résultat final.
L’annonce des Frères musulmans a aussitôt été rejetée par le camp du rival de Morsi, Ahmad Chafiq, un général à la retraite et ancien Premier ministre de Moubarak considéré comme le candidat de l’armée. « Nous la rejetons totalement » a déclaré à la presse un responsable de la campagne de M. Chafiq, Mahmoud Barakeh. « Nous sommes étonnés par ce comportement bizarre qui revient à détourner le résultat de l’élection », a-t-il ajouté. Un autre responsable de la campagne, Mahmoud Farrag, a affirmé qu’Ahmad Chafiq avaient recueilli 51,6% des voix selon des résultats partiels en provenance des bureaux de vote.
Après l’annonce de sa victoire, Mohammad Morsi a remercié lors d’une allocution dans son QG ceux qui ont voté pour lui et s’est engagé à travailler « main dans la main avec les Egyptiens pour un avenir meilleur, pour la liberté, la démocratie et la paix ». Il a aussi promis de « servir tous les Egyptiens » quelles que soient leur obédiences politiques ou religieuses.
Les résultats officiels doivent être annoncés jeudi par la Commission électorale.
Le CSFA exercera le pouvoir législatif jusqu’à l’élection d’une nouvelle Assemblée
Le futur président, quel qu’il soit, disposera toutefois d’une marge de manoeuvre très réduite face à la junte aux commandes du pays depuis la chute de Moubarak qui s’est attribué de vastes prérogatives peu avant la fermeture des bureaux de vote dimanche soir.
Les nouveaux pouvoirs de l’armée ont été vivement dénoncés par les Frères musulmans et les partis de la mouvance révolutionnaire qui les ont assimilés à un coup d’Etat. Le Conseil suprême des forces armées (CSFA) a notamment annoncé dans une Déclaration constitutionnelle amendée qu’il exercerait le pouvoir législatif jusqu’à l’élection d’une nouvelle Assemblée du peuple.
La chambre des députés, dominée par les Frères musulmans, a en effet été dissoute samedi en application d’un arrêt de la Haute cour constitutionnelle.
Le nouveau scrutin ne pourra toutefois pas avoir lieu avant la rédaction d’une nouvelle constitution par une commission ad hoc et son adoption « par voie de référendum », précise le texte.
La rédaction de la nouvelle constitution sera confiée à une « commission constitutionnelle représentant tous les segments de la société » et qui disposera de trois mois pour terminer ses travaux, ajoute le texte. Le CSFA s’accorde en outre un droit de veto sur tout article qu’il estime « contraire aux intérêts suprêmes du pays ». La Déclaration stipule aussi que le CSFA du maréchal Hussein Tantaoui « dans sa composition actuelle a pouvoir de décision pour tout ce qui relève des forces armées, la nomination de ses commandants et la prolongation de leur service ».