Le second tour de la présidentielle égyptienne les 16 et 17 juin opposera le candidat des Frères musulmans, Mohammed Morsi, au dernier Premier ministre de Hosni Moubarak, Ahmad Chafiq, a confirmé lundi la commission électorale.
Ce duel s’annonce tendu en raison des projets diamétralement opposés des deux hommes, un islamiste conservateur et un symbole de l’ancien régime.
Lundi soir, les locaux du QG d’Ahmad Chafiq ont été attaqués au Caire par des inconnus, et un millier de manifestants se sont rassemblés sur la place Tahrir, dans le centre de la capitale, pour protester contre la présence de M. Chafiq au second tour de la présidentielle.
« Aucun candidat n’a obtenu la majorité absolue. Par conséquent (…), il y aura un second tour entre (MM.) Morsi et Chafiq (…), qui ont recueilli le plus grand nombre de voix » au premier tour des 23 et 24 mai, a annoncé Farouq Soltane, le président de la commission.
Il a ainsi confirmé les résultats préliminaires annoncés par la confrérie islamiste et dans la presse ces derniers jours. M. Morsi a obtenu 24,7% des voix et M. Chafiq 23,6%.
Le nationaliste arabe Hamdeen Sabbahi est arrivé en troisième position, avec 20,7% des suffrages. Viennent ensuite l’islamiste modéré Abdel Moneim Aboul Foutouh et l’ex-ministre des Affaires étrangères et ancien chef de la Ligue arabe Amr Moussa.
M. Soltane a indiqué que toutes les plaintes pour irrégularités durant le scrutin avaient été rejetées, en ajoutant que celles qui avaient été relevées n’avaient « pas d’impact sur le résultat général ».
M. Morsi a bénéficié du soutien du puissant réseau militant de la confrérie, qui vaut aux Frères musulmans de détenir déjà près de la moitié des sièges de députés dans le plus peuplé des pays arabes.
Le plus important parti fondamentaliste salafiste al-Nour, lui, a officiellement apporté son soutien lundi, après avoir soutenu M. Aboul Foutouh au premier.
M. Chafiq est accusé par ses adversaires d’être l’homme des militaires qui dirigent le pays depuis la chute de M. Moubarak. Il a fait campagne sur le thème du retour à la stabilité, cher à de nombreux Egyptiens après 15 mois d’une transition tumultueuse et émaillée de violences meurtrières. Les deux finalistes ont très vite tenté de rassembler les soutiens, en appelant leurs rivaux malheureux à se rallier à eux et en multipliant ces derniers jours les promesses de préserver les acquis de la « révolution ».
Ils ont aussi assuré qu’ils gouverneraient au nom de tous les Egyptiens, dans l’espoir d’élargir leur base électorale, notamment auprès des jeunes.
Ce duel a provoqué le désarroi des militants pro-démocratie laïques, réduits à envisager de voter islamiste pour éviter un retour du régime honni contre lequel ils s’étaient mobilisés.
MM. Moussa et Aboul Foutouh ont refusé lundi de donner de consignes de vote. M. Aboul Foutouh a néanmoins catégoriquement rejeté l’hypothèse de voter pour M. Chafiq, brocardé comme un « fouloul » (« revenant » de l’ancien régime).
La justice égyptienne doit, par ailleurs, se prononcer le 11 juin sur une loi interdisant aux piliers de l’ère Moubarak de se présenter aux élections, a rapporté le journal al-Akhbar, ce qui pourrait avoir des conséquences pour M. Chafiq.
Le Conseil suprême des forces armées (CSFA) du maréchal Hussein Tantaoui a promis de rendre le pouvoir aux civils avant la fin juin, une fois le nouveau président élu.
Les pouvoirs du prochain président, qui sera élu pour quatre ans, sont, toutefois, encore très imprécis. Le pays ne dispose pas encore d’une nouvelle Constitution pour remplacer celle en vigueur sous M. Moubarak, suspendue après sa démission.
Le second tour de la présidentielle égyptienne les 16 et 17 juin opposera le candidat des Frères musulmans, Mohammed Morsi, au dernier Premier ministre de Hosni Moubarak, Ahmad Chafiq. Amr Moussa, candidat battu au premier tour, a déclaré que l’Egypte avait traversé « une expérience unique de son histoire ». Il n’a pas donné de consignes de vote.
Par : R. I. / Reuters