Présidentielle du 4 juillet : une élection sans candidats

Présidentielle du 4 juillet : une élection sans candidats

Sauf surprise, les deux seuls chefs de parti potentiellement connus, Belkacem Sahli et Abdelaziz Belaïd, n’envisagent pas de faire le déplacement au Conseil constitutionnel, ce samedi.

Le délai de dépôt des candidatures au scrutin présidentiel du 4 juillet prochain auprès du Conseil constitutionnel, expire le 25 mai à minuit, selon un communiqué du ministère de l’Intérieur, de l’Aménagement du territoire et des Collectivités locales. L’article 140 de la loi organique portant régime électoral est pris comme référence. Ce dernier édicte : “La déclaration de candidature doit être déposée, au plus tard, dans les 45 jours suivant la publication du décret présidentiel portant convocation du corps électoral.” Considérant que ledit décret a été signé, par le chef de l’État par intérim, Abdelkader Bensalah, le 9 avril dernier, les délais constitutionnels pour cette opération expiraient hier, vendredi 24 mai à minuit. Le calcul est simple. Les pouvoirs publics ont recouru subtilement à ce glissement de 24 heures, probablement pour que cette phase cruciale du processus électoral ne coïncide pas avec le vendredi, jour des grandes marches nationales contre le régime. Peine perdue. Les Algériens se sont déjà positionnés, clairement et massivement, contre la tenue de la présidentielle à la date fixée par les autorités du pays. Les partis politiques formant l’ex-alliance présidentielle (FLN, RND, TAJ et MPA) soutiennent le scrutin, mais sans présenter ou cautionner une candidature particulière, jusqu’à présent. Il en est de même pour des formations politiques, groupuscules et personnalités restées fidèles aux tenants du système. En définitive, la classe politique dans sa quasi-globalité et la société civile rejettent la feuille de route imposée par le chef de l’institution militaire. Le pays s’achemine vers une situation inédite dans les annales — sans doute dans le monde aussi — : une élection présidentielle boycottée par le corps électoral par anticipation et sans candidats d’envergure à la plus haute fonction dans la hiérarchie de l’État. À la dernière mise à jour, le département de l’Intérieur a indiqué que 77 lettres d’intention ont été déposées auprès des services chargés de la présidentielle. La liste est remplie à 99% de noms d’anonymes. Seuls trois chefs de parti politique ont exprimé une volonté de postuler à la magistrature suprême en retirant les formulaires de candidature. Le driver du Front algérien pour le développement, la liberté et l’équité (Fadle), est un inconnu de l’opinion publique. Restent à connaître les décisions finales de Belkacem Sahli, président de l’ANR et d’Abdelaziz Belaïd, chef de file du Front El-Moustakbal. Jusqu’à hier, aucun des deux prétendants potentiels à la présidence de la République, n’avait tranché la question. Il semblerait que Belkacem Sahli n’est pas parvenu à réunir les 600 parrainages d’élus, lui permettant de valider sa candidature. Abdelaziz Belaïd entretient le suspense sur sa participation jusqu’au bout. Il est acquis, par ailleurs, que le Conseil constitutionnel ne fera pas usage des dossiers de candidature, déposés au début du mois de mars pour le scrutin du 18 avril. La plupart des candidats n’ont pas renouvelé leurs intentions de rééditer l’expérience, dont le chef de l’État déchu, Abdelaziz Bouteflika, et le général à la retraite, Ali Ghediri.

Souhila Hammadi