Présidentielle du 17 Avril, Paroles de Bougiotes

Présidentielle du 17 Avril, Paroles de Bougiotes
presidentielle-du-17-avril-paroles-de-bougiotes.jpg

Les paris sont ouverts

Entre ceux qui pensent que «cela ne sert à rien de voter» et «ceux qui iront le faire», le même sentiment est partagé.



Le printemps est là. Il est visible à travers un soleil plus chaleureux, les fleurs qui bourgeonnent, les oiseaux qui chantent… La vie reprend ses couleurs naturellement. Les gens sortent plus à l’aise et les voix se délient pour parler de tout. A la différence du printemps dernier, celui de 2014 se singularise par un événement politique des plus importants pour le pays. L’élection présidentielle. Ce scrutin, même s’il ne domine pas vraiment les débats, reste présent dans les discussions aux côtés d’autres sujets liés aux problèmes de tous les jours et les événements internationaux.

Le prochain rendez-vous électoral que l’Algérie s’apprête à vivre, est abordé par les citoyens, mais le coeur n’y est pas vraiment. Dans la rue, les cafés et les places publiques. Le sujet de la présidentielle du 17 avril est abordé avec ironie, sous forme de blague, chacun y va à sa manière pour illustrer son point de vue sur la question. A l’instar de la classe politique, les citoyens s’invitent au débat de l’heure pour donner leur vision des faits et la position qu’ils comptent adopter. La population s’intéresse de près à cette échéance, non pas en matière de choix entre les candidats et leurs programmes, puisque estime-t-on «les dés sont jetés», mais beaucoup plus pour la décrier.

LG Algérie

Les plus initiés à la chose prédisent une victoire sans appel de Bouteflika, alors que d’autres estiment que ça va se jouer entre le président sortant et Benflis. Chacun y va de son analyse. Globalement, le citoyen donne l’impression d’être en marge de cet événement. Entre ceux qui pensent que «cela ne sert à rien de voter» et «ceux qui iront le faire», le même sentiment est partagé.

A Béjaïa, la nécessité de changer de manière de faire est plus que présente, entendre par là «le changement pacifique du système». Les expériences électorales précédentes et les résultats qui en ont découlés n’incitent guère à l’optimisme. Dans la rue, certains diront que «ça ne vaut pas le coup d’y aller», expliquant qu’ «aucun des candidats ne le mérite». «Ces candidats sont tous ou presque des figurants «revenants» qui ont déjà défilé lors des précédentes élections», souligne Mahdi comme pour marquer sa désapprobation par rapport à ce qui se trame en ce moment. D’autres, encore plus pessimistes, vous répondront que «le vote ne sert à rien, puisque les résultats sont connus d’avance». Ceux-là sont gagnés par l’option de boycott, prônée par une partie de la classe politique dominante à Béjaïa; on comprend vite leur appartenance politique.

De nombreux citoyens nous ont fait part de leur inquiétude en cas de revirement de la situation. C’est pourquoi on évoque souvent «la nécessité de maintenir la stabilité», en optant pour le vote. Le scénario du printemps arabe et ses conséquences sur les pays voisins fait craindre l’instabilité, chez de nombreux cocitoyens. Option partisane ou est-ce tout simplement une question de responsabilité?

Karim estime que «ce n’est pas le moment de s’investir dans la rue, tant la tension est omniprésente aux frontières du pays». Lui, il ira voter par esprit de responsabilité. Hamid, par contre, ne cache par son militantisme. Il ira voter pour celui que son parti aura choisi. Ce n’est pas ce que pensent d’autres citoyens pour qui «le scrutin du 17 avril n’est qu’un acte par lequel on revalide la continuité du système, les voix des électeurs ne comptent pas du tout», comme le résume Nacer.

Cette position est largement partagée à Béjaïa. «Tout le monde sait ce qu’il ne veut pas, mais très peu de gens savent ce qu’ils veulent bien», constate Bezza, un cadre politique qui a fini par jeter l’éponge pour se consacrer à sa profession. Le rejet du 4e mandat, sans alternative, la remise en cause de propositions de sortie de crise, sujet abordé ça et là avec cette conviction qu’il «n’y a pas lieu d’appeler ça un scrutin».

«Si l’élection aura lieu, ça sera une mascarade comme d’habitude. Moi, personnellement, je ne voterai pas, et tous mes amis et mes proches pensent la même chose.

La volonté de passer en force rend ce rendez-vous un non-événement», estime Nacer, non sans stigmatiser l’administration «mobilisée», dit-il «pour une fraude sans précédent», citant au passage certaines personnalités politiques qui sont «les premières à donner l’exemple de la non-neutralité de l’administration.

Bref, à Béjaïa, les citoyens sont partagés dans leurs positions par rapport au scrutin de la présidentielle dans un climat pacifique qui n’a de valeur que d’illustrer le degré de responsabilité des uns et des autres dans cette conjoncture, que d’aucuns qualifient de fragile et délicate.