Présidentielle du 14 Juin en Iran,Les poids lourds Jalili et Rafsandjani dans la course

Présidentielle du 14 Juin en Iran,Les poids lourds Jalili et Rafsandjani dans la course

P130513-05.jpgLes candidatures de Rafsandjani (78 ans) et de Jalili (47 ans), poids lourds du régime, changent la donne présidentielle Ils se sont inscrits au dernier jour d’enregistrement des candidatures au ministère de l’Intérieur.

Le conservateur Saïd Jalili, chef du dossier nucléaire, et l’ex-président modéré Akbar Hachémi Rafsandjani se sont portés candidats samedi à la présidentielle du 14 juin en Iran, dont l’intérêt est relancé par l’entrée en lice de ces deux poids lourds. Ils se sont inscrits au dernier jour d’enregistrement des candidatures au ministère de l’Intérieur.

Leurs candidatures, comme celles des autres prétendants à la succession de Mahmoud Ahmadinejad, devront encore être avalisées par le Conseil des gardiens de la constitution, au plus tard le 23 mai. M.Jalili, 47 ans, est depuis 2007 le secrétaire du Conseil suprême de la sécurité nationale. Il est aussi le représentant direct du Guide suprême Ali Khamenei dans le dialogue avec les grandes puissances qui tentent d’obtenir un meilleur contrôle international des activités nucléaires sensibles iraniennes. Connu pour sa fermeté dans les discussions avec le groupe 5+1 (Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Russie, Chine et Allemagne), il espère rassembler derrière lui les électeurs traditionnels du régime. Ce vétéran de la guerre Iran-Irak (1980-88), qui a perdu une partie de sa jambe droite en 1986, a créé la surprise en présentant sa candidature.

Akbar Hachémi Rafsandjani, président de la République de 1989 à 1997, s’est présenté juste avant la fin de l’enregistrement. Les médias avaient rapporté les hésitations de ce modéré, âgé de 78 ans, et qui bénéficie du soutien du réformateur Mohammed Khatami, son successeur en 1997. Même s’il continue à jouer un rôle clé en politique, M.Rafsandjani est néanmoins devenu l’une des bêtes noires de l’aile dure du pouvoir après avoir relayé les «doutes» d’une partie de l’opinion sur la régularité de la réélection de M.Ahmadinejad en 2009 et critiqué la répression de la contestation. Ses mandats ont été marqués par un gros effort de reconstruction du pays et une relative ouverture à l’étranger, incluant des tentatives avortées de rapprochement avec les Etats-Unis. «Je suis venu pour servir, c’est le droit des gens de me choisir ou pas», a déclaré aux médias locaux M.Rafsandjani, qui dirige le Conseil de discernement, la plus haute autorité d’arbitrage politique.

Son inscription s’est déroulée dans la cohue, alors qu’au même moment se présentait un proche collaborateur de M.Ahmadinejad, Esfandiar Rahim Mashaïe, accompagné par le président sortant qui a dit avoir pris «un jour de congé» pour soutenir son candidat. M.Mashaïe est accusé de «déviationnisme» et de vouloir promouvoir le nationalisme iranien. En tout, 686 personnes, dont 30 femmes, ont fait acte de candidature, selon le ministère de l’Intérieur.

En 2009, le Conseil des gardiens n’avait avalisé que quatre des 450 inscrits. Dans le camp conservateur figurent Ali Akbar Velayati, chef de la diplomatie de 1981 à 1997 et conseiller pour les affaires internationales de M.Khamenei, Mohammed Baqer Qalibaf, maire de Téhéran, Mohsen Rezaï, ex-commandant des Gardiens de la révolution et Manouchehr Mottaki, ex-chef de la diplomatie.

Les candidats modérés Hassan Rohani, négociateur nucléaire sous la présidence Khatami, et Mohammed Reza Aref, un ancien vice-président de M.Khatami, ont finalement annoncé leur désistement en faveur de M.Rafsandjani. M.Ahmadinejad, qui a eu des relations difficiles avec le Guide suprême et le Parlement, ne peut pas briguer un 3e mandat successif selon la Constitution. Son successeur héritera d’une situation économique en nette détérioration en raison des sanctions occidentales liées au programme nucléaire de l’Iran soupçonné malgré ses dénégations de chercher à fabriquer l’arme atomique. L’inflation officielle a atteint plus de 30% sur un an et la baisse du pouvoir d’achat n’a pu être contenue par une politique d’aides directes.