Yazid Alilat

Elle a expliqué dans une conférence de presse sanctionnant les travaux du 7e congrès de son parti que «probablement, ce 26 décembre il y aura de nouveaux développements. Il se peut que ce soit la signature de la loi de finances 2019. Il se peut aussi que le président annoncera des décisions», a-t-elle dit.
En fait, tous les partis politiques comme l’opinion publique sont suspendus aux résultats du conclave tenu mercredi dernier à la résidence d’Etat de Zeralda entre les quatre partis de la majorité. Au menu, très certainement, l’organisation de la prochaine élection présidentielle d’avril 2019, un moment affirmée avec force par les partis de la majorité, avec même la désignation de leur candidat, mais qui a pris ces derniers jours une tournure tout à fait imprévue, sinon inattendue. Un des partis de la majorité présidentielle a lancé un appel à une conférence nationale du consensus, qui doit se tenir avant l’élection présidentielle.
L’initiative avancée par Amar Ghoul, le président de TAJ, avait été cependant lancée, sous une autre forme, par le président de Hamas, Abderrezak Makri, qui, lui, propose tout simplement un report de cette échéance électorale. Une proposition, cependant, qui semble de plus en plus prise au sérieux par les observateurs, après la réunion mercredi dernier à la résidence d’Etat de Zeralda, tenue secrète, des partis du FLN, du RND, de TAJ et du MPA, qui devait plancher plus particulièrement sur cette initiative de report de la présidentielle avec la tenue d’une conférence nationale, qui déboucherait sur une légère refonte de la Constitution et, bien entendu, le report de l’élection présidentielle.
Un scénario qui fait son chemin au sein de l’opposition et la majorité, même si, officiellement, aucune annonce n’est venue jusqu’à présent démentir ou confirmer cette alternative. Mais, le fait est que les quatre partis de l’alliance présidentielle ont subitement gelé leurs appels au 5e mandat et, surtout, plus parlé du prochain rendez-vous électoral. Ce qui confirme qu’une réflexion est engagée au plus haut niveau de l’Etat avec les partis de la majorité sur la prochaine échéance électorale. Mais, rien n’est moins sûr sur la tenue de cette prochaine présidentielle.
Une situation qui a amené le parti de Abderrezak Makri, qui a mal accepté que son rival de TAJ s’empare de sa proposition de report de la présidentielle, à poser ses conditions pour cette alternative. Selon un communiqué du MSP rendu public vendredi, le report des élections ne peut être envisagé sans un certain nombre de conditions: d’abord, «le report devrait être accepté et approuvé par l’ensemble des institutions de l’État après discussion entre différentes parties au sein du pouvoir et dans l’opposition». Il faut donc «parvenir à un consensus national sur la question du report entre le pouvoir et l’opposition dans le cadre d’un effort sérieux de dialogue supervisé par les institutions officielles( )».
Ali Benflis: Qui a parlé de report ?
«En cas de prolongation de mandat sans consensus, ni réformes, la position du mouvement sera le rejet et la poursuite de la résistance politique», explique le MSP pour qui «en cas d’ouverture de candidatures sur la base des règles de compétition traditionnelles, le Mouvement consultera les composantes essentielles et sérieuses de l’opposition qui ont une présence réelle sur le terrain pour élaborer une position, une vision ou une coopération communes.» Là, le MSP n’écarte pas une participation à cette élection.
Ce n’est pas le point de vue du parti des Travailleurs, Louisa Hannoune dénonçant avec une rare virulence l’idée d’un report de cette échéance électorale et notamment l’idée d’une conférence nationale du consensus, lancée par TAJ. A l’ouverture vendredi du 7e congrès du PT, elle s’est interrogée sur cette conférence nationale qui serait le prélude au report de la présidentielle: «Quels sont les objectifs de cette conférence ?
Qui va la convoquer ? Qui y participera ?». Elle poursuit que «si la conférence est chargée de la mission de révision de la Constitution, en se fiant aux explications des promoteurs de ces initiatives, sauvegardera-t-on les acquis de la révolution et de l’indépendance, la nature sociale et républicaine de l’État ? Les acquis démocratiques comme tamazight ou le droit à la grève seront-ils préservés ? La démocratie sera-t-elle libérée de toutes les barrières ? Le peuple algérien aura-t-il son mot à dire?». Elle s’est également interrogée sur «le flou qui caractérise la scène politique à quatre mois de la présidentielle d’avril 2019», avant de suggérer, comme solution à la crise actuelle, «le départ du système qui a produit toutes ces dérives. Un système qui a dénié au peuple sa souveraineté, généralisé la corruption et la prédation, qui pousse une partie de la jeunesse au désespoir.» Louisa Hanoune a précisé que la position de son parti à l’égard de cette initiative sera prise en fonction des réponses à ces questions.