Le dossier FLN est désormais clos, du moins aux dires de ses responsables. Celui du RND ne tardera pas à l’être aussi.
A plusieurs reprises, il nous a été donné d’entendre parler, à travers la presse nationale, d’un éventuel candidat du consensus, candidat que d’autres partis pourraient soutenir. Si nous retenons cette hypothèse, avec toutes celles qu’elle sous-tend bien sûr, la question se pose alors de savoir qui sera ce candidat. C’est la question que nous posons aujourd’hui.
Bien sûr, il ne s’agit pour nous ni de donner des préférences, ni d’agiter des orientations, mais plutôt d’analyser une situation qui est – ou qui serait un jour – celle de notre scène politique nationale. Le dossier FLN est désormais clos, du moins aux dires de ses responsables. Celui du RND ne tardera pas à l’être aussi. D’ailleurs, on s’est brusquement mis à parler de Benbouzid comme éventuel successeur de Ouyahia.Il est clair que tout soit rentré dans l’ordre avant que l’on passe aux choses sérieuses. Il y a la révision de la Constitution qui doit être votée lors de cette session d’automne du Parlement et du Sénat, peut-être même qu’elle nécessiterait une réunion conjointe pour éviter les pertes de temps. Et il y a, aussi et surtout, l’élection présidentielle qui arrive à grande vitesse.
Les «trabendistes politiques»
Il est fort probable que, entre-temps, il y aurait un remaniement ministériel. Ce sera certes, une simple perturbation de plus pour les secteurs et l’on ne pose même pas la question de l’utilité d’une telle démarche qui consisterait à avoir un tel remaniement à sept ou six mois des élections.
De toutes façons, au vu des statistiques, le remaniement a de très grandes chances d’avoir lieu car il est des habitudes de Bouteflika de procéder à un changement ministériel juste avant d’amorcer la dernière ligne. C’est ainsi que, en 2003, et alors qu’il allait terminer son premier mandat, il procéda à un remaniement en date du 6 septembre 2003. Cinq années plus tard, il effectua un autre remaniement la veille de la fin du mandat, soit le 15 novembre 2008 et, comme on dit,«jamais deux sans trois», il y a beaucoup de probabilités que l’Algérie connaisse son 40e gouvernement lors de l’actuel mandat de Bouteflika.
Si remaniement ministériel il y a, et sauf imprévu, rien a priori ne devra venir empêcher l’actuel Premier ministre d’être reconduit à la tête du nouveau gouvernement. Il pourra continuer à gérer les affaires de l’Etat et «assurer la transparence et l’honnêteté des élections» nous dira-t-on. Mais dans ce cas, cela signifiera qu’il ne pourrait pas être, lui-même, candidat à l’élection. Donc l’hypothèse selon laquelle Sellal serait le candidat du consensus ne peut pas tenir la route. Sera-t-il désigné alors vice-président comme on le laisse entendre ici et là? Possible mais, au risque d’étonner nombre de nos confrères et beaucoup d’analystes, cela relève, à notre avis, du peu probable.
L’intronisation de Saâdani à la tête du FLN, a été une occasion pour certains d’appeler à un quatrième mandat alors que le concerné lui-même n’a rien avancé. Cette manière de procéder n’a rien de politique et certains semblent oublier que nous ne sommes plus dans le système du parti unique d’avant 1988. Peut-être ignorent-ils tout de la «pudeur politique»? Peut-être sont-ils arrivés trop malhonnêtement au monde de la politique pour pouvoir en comprendre les valeurs? Peut-être n’ont-ils même pas la maturité politique requise à ce niveau de responsabilité. Tout cela est possible! Se dirige-t-on finalement vers une quatrième candidature? Malgré le brouhaha des arrivistes et des parvenus de tous bords, on arrive à intercepter tout de même quelques indices qui le laisseraient croire.
Mais tant que Bouteflika ne s’est pas prononcé, et sans tenir compte des appels de ces «trabendistes politiques», nous supposerons en ce qui suit que, retenu par ses ennuis de santé, l’actuel président ne se représente pas et que Sellal sera reconduit au poste de Premier ministre ce qui l’empêcherait donc d’être candidat. Dans ce cas, il est question,dit encore la rumeur, d’un candidat du consensus. Qui pourrait donc bien être désigné pour ce rôle? Passons en revue quelques noms.
Qui pourrait être proposé?
Rappelons d’abord que l’on parle ici du candidat du consensus et non des candidats à la présidence. En effet, est candidat à la présidence qui veut (ou presque) tandis que le candidat du consensus sera celui proposé par le système en place et soutenu par différents partis. Jusqu’à présent, on croit savoir que certains partis seraient prêts à soutenir le candidat du consensus et, de toute façon, il faut bien qu’il y ait ce soutien pour parler de ce type de candidat. Le premier nom que l’on pourrait avancer dans ce cas serait celui de Hamrouche. A ce choix, nous donnerons les raisons suivantes.
D’abord, il est issu du système et ne pourra donc jamais représenter un danger pour ce dernier. Cette raison est primordiale car elle va dans le sens des intérêts du système, c’est-à-dire de la partie prenante la plus importante et la plus influente du processus de désignation à ce niveau chez nous.
Ensuite, Hamrouche, de par ses différentes fonctions dont, notamment, la conduite de deux gouvernements successifs (de septembre 1989 à juin 1991) a acquis une expérience assez solide. Généralement, les avis ne divergent pas quant à la solidité et les compétences de l’homme. Néanmoins, il a d’une part, l’inconvénient de l’âge car, à 71 ans en 2014, il sera un peu désavantagé sur ce plan par rapport à plus jeunes que lui et d’autre part, celui de s’être volontairement tenu loin de la vie politique du pays depuis assez longtemps tout de même.
Le second nom qu’on pourrait citer est celui de Ouyahia. A ce choix aussi de président, plusieurs raisons. D’abord, il est issu, lui aussi, du système et il ne l’a jamais caché, comme quoi là aussi il y a garanti pour le système en place. Ensuite, avec les neuf gouvernements qu’il a eu à diriger entre 1995 et 2012, Ouyahia s’est forgé une expérience assez impressionnante ainsi que des compétences appréciables. Tous reconnaissent sa capacité de travail, ses compétences et sa capacité à résoudre les problèmes. Ses détracteurs mêmes, le lui concèdent sans discuter.
Né en 1952, donc avec ses 62 ans en 2014, il aura l’âge pour lui, contrairement à Hamrouche, tout comme il aura lavantage de ne pas s’être éloigné de la scène politique depuis son premier gouvernement à aujourd’hui car, et c’est aussi un point important dans son CV, il a dirigé le RND, un parti qui n’est pas des moindres et qui a eu la majorité à plusieurs reprises. Ce qui n’est pas le cas de Hamrouche qui n’a pas dirigé de parti.
Néanmoins, connu pour être, comme il se décrit lui-même par ailleurs, «l’homme des sales missions», il a le désavantage d’avoir été mis au-devant de la scène à chaque fois qu’il fallait prendre les décisions difficiles, comme celle relative à cette fameuse ponction à laquelle beaucoup de citoyens lient aujourd’hui l’image de Ouyahia. Mais ne dit-on pas que la foule n’a pas de mémoire?
La gestion et la «hachia»…
Il est franchement difficile de trouver un troisième nom, non pas qu’il n’en existe pas, loin de là, mais parce que le système en place, exclusif à outrance, a toujours écarté les autres et combattu la relève au point où les compétences demeurent inconnues chez nous car enfouies d’une manière ou d’une autre et tenues volontairement éloignées de la lumière.
La question alors serait de savoir qui, de ces deux hommes pourrait mieux diriger le pays. Les deux hommes, indiscutablement, ont une carrure de chef d’Etat. Chacun a son charisme et sa personnalité et chacun dispose de suffisamment de compétences et de l’habilité nécessaire pour diriger le pays.
Toutefois, il y a quelques dangers qui guetteraient ces hommes si l’un d’entre eux venait à être désigné.
Le premier danger serait de voir ce candidat se laisser aller au gré des routines du système en place. En effet, lorsqu’on n’a que soit pour modèle, dit le proverbe, on ne progresse pas. Et de ce fait, il est à craindre que Hamrouche ou Ouyahia (dans l’hypothèse où l’un des deux serait désigné candidat du consensus) se fasse prisonnier des habitudes qui ont sévi jusque-là de la non-planification, la non-prospective, la non- gestion…. ou qu’il se laisse glisser lentement dans les draps confortables de la philosophie de la gestion par le discours qui, rappelons-le, n’a jamais rien rapporté au pays.
De ce côté-ci, on pourrait craindre effectivement une tendance à la reproduction des comportements par les concernés qui n’ont pas d’autres références ou modèles de gestion que ceux dans lesquels ils ont eu à opérer jusque-là. L’autre danger serait celui de se mal entourer, comme cela s’est produit plus d’une fois aussi chez nous. Ceci ferait perdre, à l’un ou à l’autre, toutes ses capacités car, encore une fois, la «hachia», chez nous et partout dans le monde, peut être dangereuse, voire très dangereuse car elle peut arriver à couper les ponts entre le premier responsable et la réalité du quotidien. Cette «hachia» qui se spécialise dans le rôle de «chauffeur de peuple» (ceux qui chauffent les peuples) comme d’autres se spécialiseraient dans celui de «chauffeurs de spectateurs». C’est la «hachia» qui, pour l’anecdote, apprend au peuple, entre autres, à applaudir jusqu’à se détruire les mains. Elle lui donne le tempo d’ailleurs pour cela. Et c’est elle aussi qui lui apprend ce qu’il faut voir et ce qu’il ne faut pas regarder etc…
Aussi, le risque de glissement vers une gestion à l’ancienne serait grand pour l’un ou l’autre de ces deux hommes à un moment où, plus que jamais, le pays a besoin de rupture avec ces modes de réflexion, ses méthodes de gestion, ses pratiques, ses comportements, ses paradigmes, ses réflexes etc…
C’est là un point qui jouerait contre Hamrouche et contre Ouyahia si l’on veut procéder à une rupture avec le passé et les conceptions du passé qui ont eu pour conséquence de nous laisser sur le trottoir poussiéreux de l’humanité au moment où les nations ont pris les autoroutes du développement, du progrès et du bien-être.