Présidentielle 2012 en France,Le candidat Sarkozy prend un abrupt virage à droite

Présidentielle 2012 en France,Le candidat Sarkozy prend un abrupt virage à droite

Sarkozy s’est totalement mis dans les bottes de l’extrême droite, allant jusqu’à un mimétisme qui en dit long sur ses affinités avec l’extrême droite

Le président sortant, Nicolas Sarkozy, veut durcir davantage les conditions d’immigration, estimant qu’il y a «trop d’étrangers» dans l’Hexagone, les désignant comme premiers responsables des problèmes de la France.

Le président français Nicolas Sarkozy veut durcir davantage la politique sur l’immigration, s’il est réélu à la présidentielle, en divisant par deux le nombre d’étrangers accueillis chaque année en France et en sabrant les droits sociaux des immigrés. «Notre système d’intégration fonctionne de plus en plus mal car nous avons trop d’étrangers sur notre territoire et que nous ne pouvons plus leur trouver un logement, un emploi, une école», a déclaré mardi soir M.Sarkozy lors d’une émission sur la chaîne de télévision France 2. Sur le mandat de cinq ans à venir, «je considère que pour relancer dans de bonnes conditions l’intégration, il faut diviser par deux le nombre de gens que nous accueillons, c’est-à-dire passer de 180.000 autour de 100.000», a-t-il dit. Donné largement battu face au candidat socialiste Français Hollande à la présidentielle des 22 avril et 6 mai, le chef de l’Etat a renoué ces derniers temps avec les thèmes de l’immigration et de la sécurité qui avaient contribué à le faire élire triomphalement en 2007. M.Sarkozy, qui a mis en oeuvre depuis 2007 une politique de maîtrise des flux migratoires sans y parvenir, a affiché des objectifs précis en termes d’accueil des étrangers en s’appuyant sur les leviers du regroupement familial et du mariage des étrangers avec des ressortissants français. Il a confirmé vouloir soumettre à des conditions plus difficiles de revenus et de logement le regroupement familial et la délivrance des visas d’installation aux étrangers mariés à des ressortissants français. Le nombre de conjoints étrangers de Français obtenant un visa n’a cessé d’augmenter durant le quinquennat et a atteint 36.669 en 2010, soit une hausse de 61% depuis 2006 due à l’augmentation des mariages mixtes, selon le dernier rapport au parlement sur l’immigration. En 2011, selon l’Intérieur, 22.000 personnes ont obtenu leur naturalisation par mariage. Pour la première fois aussi, le président a évoqué une restriction de l’accès des étrangers aux droits sociaux qui sont jusque-là les mêmes que ceux des Français, dès lors qu’ils sont en situation régulière. Pourront bénéficier du revenu de solidarité active et du minimum vieillesse les immigrés qui auront résidé 10 ans en France et travaillé 5 ans, a-t-il dit. Alors que le parti au pouvoir UMP accuse souvent la gauche d’avoir fait exploser l’immigration, c’est sous la droite que le record a été battu avec 214.000 personnes accueillies en 2004, selon des chiffres officiels obtenus mardi par l’AFP. Depuis l’arrivée de M.Sarkozy à l’Elysée, le nombre d’immigrés admis à séjourner légalement en France est resté légèrement sous les 200.000 (198.525 en 2010). Durant son quinquennat, des dizaines de milliers de personnes (autour de 30.000 par an selon les associations) ont été régularisées même si son gouvernement a choisi de mettre la lumière sur les expulsions. La gauche accuse régulièrement Nicolas Sarkozy et ses proches de vouloir marcher sur les plate-bandes de l’extrême droite pour récolter des voix en vue de la présidentielle. Samedi il avait estimé que donner le droit de vote aux étrangers extra-communautaires aux élections municipales – comme souhaite le faire son adversaire socialiste – serait «porter atteinte à la République». Une vive polémique également éclaté à propos de la viande halal après que son Premier ministre François Fillon eut suggéré aux grandes religions de revenir sur les «traditions ancestrales» d’abattage rituel des animaux, qui ne correspondent plus «à grand-chose». Ces propos ont provoqué l’ire des responsables des communautés juive et musulmane et une réelle stupéfaction dans le camp présidentiel. Mardi soir, Nicolas Sarkozy s’est défendu d’effectuer «un virage à l’extrême droite».