Le président du SNAV, Saïd Boukhelifa, à partir de Constantine “L’Algérie est un pays fermé au tourisme”

Le président du SNAV, Saïd Boukhelifa, à partir de Constantine “L’Algérie est un pays fermé au tourisme”

L’assemblée générale régionale dédiée aux élections-désignations des délégués, membres du conseil national du Snav pour les 17 wilayas de l’est du pays, tenue hier à l’hôtel Novotel de Constantine, aura été une occasion pour ce syndicat de réaffirmer sa vocation en tant que “partie de la solution, une force de proposition et un trait d’union entre les agences de voyages et les pouvoirs publics concernés par le développement du secteur du tourisme”. Car de par le monde, dira un membre du bureau national du Snav, “on parle d’industrie touristique et l’on ne peut continuer sur cette voie où les opérateurs et le ministère appliquent leurs propres règles. L’on doit, par contre, avancer ensemble, car nous avons accusé un grand retard par rapport à nos voisins”.

Le président du Snav, Saïd Boukhelifa, qui est également expert international en tourisme a, pour sa part, lors d’un point de presse, culpabilisé les pouvoirs publics quant à l’inertie qui plombe le secteur du tourisme en Algérie. Pour lui, “la communication et la promotion de la destination Algérie est un rôle qui incombe à l’État par une politique structurée et bien réfléchie en segmentant les marchés au niveau des principaux salons émetteurs de touristes, chose qui se fait jusqu’à l’heure actuelle d’une façon administrative et non pas par des approches de marketing touristique”.

Estimant que les agences de voyages apportent leur concours lorsque les touristes étrangers manifestent le désir de se rendre en Algérie, il insiste sur le fait qu’une politique de communication appropriée de la part de l’Office national du tourisme au niveau des marchés soit menée notamment à travers des campagnes promotionnelles adaptées : “Susciter et créer cette envie relève du rôle de l’État comme c’est le cas partout à travers le monde. Les agences de voyages répondent aux demandes des tour-operateurs étrangers. Le ministère du Tourisme se trompe lorsqu’il dit que les agences algériennes offrent des destinations étrangères aux Algériens et ne ramènent pas de touristes au pays. Sur 2 millions de touristes qui se rendent chaque année en Tunisie, pas plus de 200 000 passent par les agences de voyages et 90% s’y rendent par leurs propres moyens, alors que sur les 4 millions d’Algériens partis à l’étranger cet été, 300 000 seulement sont passés par des agences touristiques.”

Poursuivant son réquisitoire à l’endroit des pouvoirs publics concernés par la promotion du tourisme en Algérie, il avance : “C’est en connaissance de cause que je dis que nous participons à la politique de prise en charge des loisirs des nationaux dans un cadre organisé. Je suis dans deux organismes internationaux de tourisme et je reçois des échos comme quoi l’Algérie est un pays fermé au tourisme et qu’il n’y a aucune visibilité. En plus, sur la plupart des sites des ministères des Affaires étrangères, l’Algérie est sur la ligne rouge, en d’autres termes, une destination dangereuse, alors que statistiquement, aller à Nice ou à Paris est plus dangereux que de se rendre en Algérie, du moins pour ces deux dernières années.” Abondant dans le même sens, le vice-président du Snav, Menaceur Cherif, dira : “Le problème le plus important que nous vivons actuellement est celui des visas. D’autres pays, notamment ceux qui vivent exclusivement du tourisme, ont supprimé le visa ou ont apporté des facilitations pour son obtention à travers, par exemple, l’empreinte digital ou bien une simple demande via Internet. Je suis désolé de le dire, mais la balle est dans le camp de ceux qui nous gouvernent. On ne peut pas avancer de cette sorte et prétendre faire du tourisme international. La destination Algérie est prisée notamment pour son Sahara, mais il se trouve que nous sommes actuellement bloqués depuis 2009. Il n’y a que le côté Djanet qui est ouvert, mais dans le versant de Tamanrasset, le désert est interdit de bivouaquer la nuit. On ne peut décoller qu’avec le tourisme international car les deux produits les plus demandés actuellement sont le tourisme saharien et le tourisme culturel, et nous avons des demandes de partout, mais nous sommes handicapés par cette histoire de visas. Il faut que l’État trouve une solution à ce problème.”

Kamel Ghimouze