Le Président Bouteflika accorde une interview à Oxford Business Group

Le Président Bouteflika accorde une interview à Oxford Business Group

Algérie-Le président Abdelaziz Bouteflika a accordé une interview au groupe britannique Oxford Business Group (OBG), publiée dans son dernier rapport sur l’Algérie.

Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a affirmé que l’adoption d’un nouveau modèle de croissance économique, mis en place en 2017 et qui durera 5 ans, comprend également un projet de diversification économique à horizon 2030. ‘’Le nouveau modèle repose sur des principes simples: la solidarité et la justice sociale, l’efficacité des dépenses publiques et le renforcement du rôle du secteur privé dans l’économie nationale, entre autres’’, a souligné le Chef de l’État dans une interview accordée au groupe britannique d’expertise économique, Oxford Business Group, publiée dans son dernier rapport sur l’Algérie.

nterview intégrale (Traduction)

Quelles sont les prochaines étapes pour assurer l’émergence structurelle de l’Algérie à moyen terme?

Abdelaziz Bouteflika: La reprise économique du pays aurait été impensable sans la mise en place d’un réseau d’infrastructures de base, qui a connu des retards en raison de la tragédie du pays dans les années 1990. De même, le développement économique ne peut être conçu sans une gestion adéquate des besoins des citoyens, en termes d’emploi, de logement, de santé, d’éducation et de services publics.

De réels progrès ont été réalisés dans ces domaines, et nous pouvons maintenant nous en féliciter, tout en sachant qu’il est nécessaire de renforcer cette réalisation et de progresser davantage.

La croissance économique a été de 3,7% en moyenne sur la période 2000-2016, un chiffre qui passe à 6% si l’on ne tient pas compte des hydrocarbures. Le PIB par habitant a plus que doublé pendant cette période, passant de 1800 dollars en 2000 à 3900 dollars en 2016. Le pouvoir d’achat des ménages a également augmenté considérablement, à 6,3% par an en moyenne.

Les ressources financières ont augmenté, ce qui a contribué à augmenter les économies budgétaires. Cela a permis le financement d’investissements publics, ainsi que le paiement anticipé de la dette extérieure. Cependant, le modèle de financement qui a permis de réaliser de tels progrès est maintenant limité par la baisse soudaine du prix du pétrole par baril, ce qui a fortement érodé nos ressources externes. En conséquence, depuis 2014, notre économie est confrontée à de sérieuses difficultés en matière de finances publiques et de balance des paiements.

Nous avons fait face à cette situation tout en respectant un cadre de développement social et économique, tout en préservant notre indépendance et notre équilibre social en particulier. En 2018, les fonds alloués au budget d’équipement connaîtront une augmentation de 76%. Cette augmentation permettra de relancer les projets d’éducation, de santé et d’eau, ainsi que de soutenir davantage les plans de développement locaux. Les transferts sociaux seront également augmentés de quelque 8%.

Nous avons également décidé de rationaliser les dépenses publiques afin de pouvoir progressivement équilibrer nos comptes, tout en réduisant la pression exercée par nos ressources externes. De plus, nous visons à aborder le niveau général des importations en combinant rationalisation et lutte contre la fraude.

Il faut dire que ces mesures restrictives ne représentent pas un retour à une gestion bureaucratique, ni un renoncement à l’un de nos engagements internationaux.

Le programme de rationalisation macro financière s’accompagnera d’un certain nombre de réformes structurelles qui contribueront à la transformation de notre économie et contribueront également à une plus grande diversification des exportations.

Quels sont les grands principes régissant le nouveau modèle de croissance économique en Algérie?

Abdelaziz Bouteflika : En juillet 2016, nous avons adopté un nouveau modèle de croissance économique, en accord avec nos partenaires sociaux et économiques dans le cadre de la tripartite. Ce nouveau modèle, mis en place en 2017, qui durera cinq ans, comprend également un projet de diversification économique à horizon 2030. Le nouveau modèle repose sur des principes simples: la solidarité et la justice sociale, l’efficacité des dépenses publiques et le renforcement du rôle du secteur privé dans l’économie nationale, entre autres.

Le développement national ne peut se faire sans la justice sociale et la solidarité, et nous le mettrons en œuvre tout en évitant de gaspiller des ressources. L’Algérie peut être fière de paraître en bonne position parmi les autres pays exportateurs de pétrole, avec des transferts sociaux plus élevés que le PIB, même si une meilleure utilisation des ressources doit être réalisée, notamment en contrôlant les dépenses d’exploitation de l’État et de ses différentes agences.

L’efficacité des dépenses publiques implique une profonde réforme des mécanismes d’élaboration, de financement et de contrôle du budget de l’Etat dans toutes ses parties.

Le principe du renforcement du rôle du secteur privé dans l’économie nationale passera par la promotion des investissements et des partenariats public-privé (PPP). Cela dépend de l’amélioration nécessaire du climat des affaires, de la réduction de la bureaucratie dans le processus de création d’entreprises, d’autres accords concernant l’accès aux terrains industriels et de l’adaptation de la réglementation du travail.

L’amélioration constante de la qualité de la gouvernance est également un principe cardinal de notre modèle de croissance. Le programme que nous menons dans ce domaine touche tous les domaines de la gestion, de l’évaluation et du contrôle, et sera accompagné du développement de la gouvernance électronique. Ce principe recouvre le renforcement du dialogue social et de la concorde entre les pouvoirs publics, les employeurs et le mouvement syndical.

Le lancement du nouveau modèle de croissance permettra aux comptes publics de retrouver un équilibre à court terme, notamment sur la période 2020-30, contribuant à la croissance du PIB hors hydrocarbures, qui devrait progresser de 6,5% en moyenne.

Le modèle permettra également une croissance significative du PIB par habitant, doublera la participation de l’industrie manufacturière à 10%, une transition réussie qui réduira notablement les taux de consommation interne et donnera un portefeuille d’exportations plus diversifié qui soutiendra la croissance du financement.

Quels sont les secteurs prioritaires pour stimuler la diversification économique, et qu’est-ce qui a été fait pour encourager l’investissement?

Abdelaziz Bouteflika : Notre priorité est de produire un cadre juridique stable pour l’investissement privé, de nettoyer l’environnement des affaires et de le rendre plus clair, tout en inspirant une plus grande confiance parmi les investisseurs privés, locaux et étrangers. À cette fin, nous avons revu notre législation en matière d’investissement et, en 2016, nous avons publié un code plus souple qui a facilité les procédures. Il a mis en œuvre des mesures visant à accroître la décentralisation dans des domaines tels que l’attribution des terres, la réduction des retards dans les concessions foncières, la création de 50 nouvelles zones industrielles et la mise à disposition d’une carte territoriale permettant aux investisseurs de vérifier les opportunités.

En 2017, nous avons également revu et activé un nouvel appareil qui permettra aux petites et moyennes entreprises d’accéder plus facilement au financement. La révision du code des douanes contribuera également à améliorer et à simplifier les procédures administratives pour les opérateurs. De plus, la nouvelle loi sur le commerce électronique, actuellement en cours d’approbation, contribuera certainement à améliorer l’environnement des affaires.

Quelle approche le pays prend-il pour encourager l’investissement via les PPP?

Abdelaziz Bouteflika : Le secteur privé a toujours trouvé sa place dans notre économie; il est en effet inconcevable qu’elle croisse sans un secteur privé fort et actif. Concernant les partenariats publics, notre formule présente de nombreux avantages, notamment lorsqu’il s’agit de mettre en place de nouvelles formes de gestion, d’associations et de partenariats entre les secteurs public et privé, mais aussi de mobiliser des financements alternatifs au budget que nous souhaitons promouvoir dans le futur proche.

Une charte sur les PPP sera signée par le gouvernement, les syndicats et les associations d’employeurs dans les mois à venir. Cependant, les PPP ne sont pas nouveaux pour l’Algérie. Selon la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement, l’Algérie figure parmi les cinq premiers pays africains en termes de PPP au cours des 15 dernières années.

La mise en œuvre du nouveau modèle de croissance est favorable à une collaboration active entre les entreprises publiques et privées. La révision en cours de la loi sur les hydrocarbures contribuera à rendre les conditions plus attractives pour les investissements étrangers dans ce secteur.

La contribution financière et technique que les entreprises étrangères apporteront au pétrole permettra au pays d’augmenter la valeur de son potentiel énergétique.