Comme c’est devenu la tradition depuis quelques années, Bouteflika consacre le mois de Ramadan aux auditions des membres du gouvernement. Des auditions tant redoutées par les concernés mais dont le déroulement demeure parmi les activités les moins bien médiatisées du locataire du palais d’El Mouradia. Y compris par les médias publics.
L’opinion publique n’a toujours eu droit qu’au communiqué final sanctionnant chacune des auditions et que la présidence ne rend publique que vingtquatre heures plus tard. Qu’en est-il réellement de ces rencontres ? «On a tout entendu et lu au sujet de ces auditions. Certains pensent qu’elles ont lieu en soirée, d’autres affirment qu’il ne s’agit que d’une simple formalité d’une dizaine de minutes, etc.» commencera en guise d’introduction une source proche de la présidence.
Puis, d’enchaîner : «Il faut savoir que les auditions ont toujours lieu à la présidence et non pas au domicile du président, autour d’un f’tour ou d’un kalbelouz, comme on a même eu à l’entendre parfois», ironise encore notre source. Et en fait d’auditions, «il s’agit à chaque fois d’un véritable mini-conseil des ministres». Y assistent en effet et à toutes les auditions, le Premier ministre Ahmed Ouyahia, le vice-premier ministre, Nourredine Yazid Zerhouni, le ministre de l’Intérieur, Daho Ould Kablia, le ministre des Finances Karim Djoudi, le ministre d’Etat, représentant personnel du président de la République, Abdelaziz Belkhadem, le ministre de la Prospection et des Statistiques, Hamid Temmar et, assez souvent, le ministre de l’Industrie, de la Petite et Moyenne entreprise et de la Promotion de l’investissement, Mohamed Benmeradi. «Ce dernier chapeaute un gigantesque ministère et sa présence est souvent nécessaire.» A ce cercle de permanents, s’adjoint «parfois mais pas systématiquement » le patron des services, le général de corps d’armée Mohamed Mediene dit Toufik. «Il est présent quand le sujet est sensible comme c’était le cas à l’occasion des auditions des ministres de l’Intérieur, des Finances et de l’Energie», nous confie notre source. Autre aspect méconnu, en tout cas pas rendu public, est le fait que les ministres ne sont pas auditionnés individuellement.
«Les ministres sont reçus par petits groupes. Par affinités si vous voulez. Ainsi, quand il s’agit d’auditionner le ministre des Finances, la présence de Benmeradi est indispensable. Quand c’est l’Intérieur qui est concerné, la présence du ministre délégué à la Défens l’est tout autant. Le ministre de l’Agriculture ne peut être reçu sans celui du Commerce et de l’Industrie. Le ministre de l’Education ne peut également être reçu sans son collègue à l’Enseignement supérieur et celui de la Formation professionnelle, etc.»

Ainsi, et si pour cette année ce ne sont pas tous les membres du gouvernement qui sont convoqués à la présidence, en revanche certains parmi eux sont tenus de s’y rendre plusieurs fois. «S’agissant du programme des auditions, cela commence toujours par un exposé détaillé que le ministre concerné présente sur son secteur. S’ensuit après un débat général ouvert à tous les présents. Bien évidemment, le président intervient régulièrement dans les débats par des remarques, des interrogations ou des instructions. Cela, sans compter ces allocutions, parfois fleuves qui clôturent les réunions.» Certaines réunions, nous confie encore notre source, «durent même au-delà du f’tour» !
K. A.