Ghania Oukazi
C’est donc la Roumanie qui vient de prendre la main pour les six mois à venir, après la fin de la présidence de l’Autriche durant une même période. En attendant de céder la main au mois d’août à la Finlande, Bucarest veut que sa présidence marque une véritable cohésion entre les Etats membres de l’UE. «La Roumanie a décidé de mettre l’accent sur la cohésion entre les pays membres de l’Union européenne, entre ses institutions et entre celles-ci et les citoyens européens,» nous a précisé, hier, l’ambassadeur de Roumanie à Alger.
Marcel Alexandru pense que «la cohésion européenne a été quelque peu effritée par le contexte international, par la divergence des positions de certains de ses Etats membres, en plus du Brexit dont les difficultés pour un accord persistent. Beaucoup de choses nous obligent à nous atteler à restaurer cette cohésion tant nécessaire à notre Union».
Il estime alors que l’«on doit travailler sur quatre piliers, le premier, sur une Europe de la convergence pour réussir un développement durable et équitable, au profit de tous les citoyens européens, sur la base d’un esprit de compétition accrue et par la réduction des écarts ou gaps de développement existants entre les pays membres, et enfin sur la promotion de la connectivité, de la numérisation». Deuxième pilier pour Alexandru, «œuvrer pour une Europe de la sécurité pour en évidence, assurer la consolidation d’une Europe sécurisée capable de faire face à la provocation ambiante ( les évolutions internationales) qui menace la sécurité de nos citoyens, le terrorisme et la migration en sont les plus importantes».
La Roumanie appelle les Européens à «plus de cohésion»
Troisième pilier, il le veut pour «(re)constituer une Europe comme acteur global et ce, en consolidant son rôle commun pour l’accroissement d’une politique d’élargissement et aussi d’une politique de voisinage flexible, à travers un processus de stratégie globale qui garantit les ressources nécessaires à notre Union.» Quatrième et dernier pilier de la (re)construction d’une Europe «plus forte, plus unie et plus solidaire», l’ambassadeur de Roumanie le voit par «une Europe des valeurs communes contre la discrimination, pour l’égalité des chances entre les hommes et les femmes et enfin pour le renforcement de l’implication des citoyens, particulièrement les jeunes, dans les débats européens». Le diplomate explique ainsi que «nous considérons que la cohésion doit être réaffirmée sur les trois niveaux à savoir : entre les Etats, les institutions et les institutions et les citoyens parce que nous pensons que tous les problèmes de l’Union européenne pourront être et seront traités sur la base de ces trois approches».
Ce qui oblige l’UE, a-t-il dit, à «avoir une politique étrangère qui repose, essentiellement, sur la convergence des positions de ses Etats membres en faveur d’une action commune.» La Roumanie, par son ambassadeur, appelle, par ailleurs, à «une Europe, de plus en plus, présente dans la résolutions des crises à travers le monde.»
«L’Europe doit prendre certaines mesures de sécurité»
Marcel Alexandru précisera, au sujet de la politique de voisinage de l’UE qu’«elle devra la renforcer pour l’Europe du Sud, les Balkans, l’Europe de l’Est (les ex républiques soviétiques) et l’Afrique.»
Il pense, au nom de son pays, qu’«on doit parler d’une seule voix quand il s’agit de résoudre les conflits et les crises dans le monde, pour le développement de la coopération en général et celui des infrastructures de base, la formation des cadres et de l’éducation, en particulier». La coopération sécuritaire entre l’UE et le reste du monde figure, en bonne place, dans cet agenda roumain. «Le phénomène doit être traité dans sa complexité». Il est convaincu que «l’Europe a une obligation envers son voisinage dans la création de conditions favorables à son développement». Parce que«le voisinage, dit-il, a un très grand rôle à jouer pour qu’elle soit une Europe stable et prospère, il contribue à la création de ses richesses.»
Interrogé sur d’éventuels accords de mobilité que l’UE penserait conclure avec les pays tiers notamment ceux de la rive sud de la Méditerranée, l’ambassadeur de Roumanie en Algérie affirme que «l’Europe est une zone ouverte, elle est multiculturelle, elle garantit une liberté de mouvement». Mais, précise-t-il «il est clair qu’il existe certaines mesures de sécurité, elles doivent exister, elle doit les prendre».
L’on rappelle que la Roumanie est entrée dans l’Union européenne le 1er septembre 2007. C’est donc 11 ans après qu’elle saisit la présidence du Conseil européen, une présidence tournante de 6 mois pour chacun des ses Etats membres.
Son ambassadeur à Alger tient à souligner que «la Roumanie reste l’un des pays de l’Union où le pourcentage favorable pour une Union forte est le plus important soit 70% de sa population».
Sur les quatre dernières années, la Roumanie a, selon lui, «enregistré un taux de développement qui se situe entre 3 et 4% du PIB, c’est l’un des plus forts dans la zone de l’UE».