Présidence de la future assemblée,Ziari-Belkhadem : le bras de fer

Présidence de la future assemblée,Ziari-Belkhadem : le bras de fer
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Un véritable bras de fer est engagé, depuis fin août, entre les deux hommes forts du Front de libération nationale, Abdelaziz Belkhadem et Abdelaziz Ziari. C’est un article introduit dans le nouveau code électoral qui a accentué un duel, jusque-là à distance et seulement «par procuration».

Kamel Amarni – Alger (Le Soir) – Tout s’accélère à l’issue de la réunion du Conseil des ministres du 28 août dernier. Ce jour-là, en effet, Bouteflika imposait fermement un article «omis» par le gouvernement, celui faisant obligation aux ministres désirant présenter leurs candidatures à des élections législatives de déposer leurs démissions de leurs fonctions gouvernementales au préalable, au moins trois mois avant l’échéance électorale. Pour un parti comme le FLN qui totalise douze ministres dans l’actuel gouvernement, c’en est là un véritable coup de massue à quelques mois seulement des législatives. Avoir un ministre en exercice comme candidat lors d’une élection, c’est, pour un parti politique, la garantie de voir se mobiliser en sa faveur l’administration, centrale et locale. Civile comme militaire. Un genre d’avantage qui peut déterminer l’issue d’un scrutin avant même qu’il ne commence. En tant que secrétaire général du FLN, Belkhadem ne pouvait naturellement être que contrarié par un tel article. Théoriquement, Ziari, actuel président de l’Assemblée populaire nationale et membre du Bureau politique du FLN, devrait éprouver le même sentiment de frustration. Ce n’est pourtant pas le cas.

Mais alors, aucunement ! C’est qu’un autre enjeu est venu diviser la haute hiérarchie du FLN. Il s’agit du poste de président de la future Assemblée populaire nationale. Un poste que Ziari voudrait bien garder, évidemment. Mais il se trouve confronté cette fois à une très forte concurrence. La prestigieuse position de troisième personnage de l’Etat que procure ce poste de président de l’APN est fortement convoitée par un autre membre du BP du FLN, en l’occurrence le ministre de l’Enseignement supérieur, Rachid Harraoubia. Très proche de Saïd Bouteflika, Harraoubia est également soutenu par Abdelaziz Belkhadem, selon une source proche de la direction du parti. «Les rencontres entre les deux hommes sont très fréquentes et ont comme lieu, le bureau de Harraoubia au ministère.» Selon notre source, il est convenu de réserver la position de tête de liste du FLN pour la wilaya d’Alger lors des prochaines législatives à Harraoubia, dans la perspective d’en faire le futur président de l’APN. Mais l’article imposant démission préalable du gouvernement contrarie sérieusement les plans du duo Belkhadem- Harraoubia. D’où le forcing du SG du FLN qui veut convaincre les membres les plus influents de son groupe parlementaire à l’APN, dont Ziari bien sûr, de bloquer l’amendement contraignant du Conseil des ministres, au niveau de la commission juridique.

Ce à quoi s’oppose fermement Abdelaziz Ziari, nous confie notre source. «L’obligation faite aux ministres de démissionner de leur poste au gouvernement est la meilleure protection pour Ziari.» Car sauf solides garanties de haut lieu, peu de ministres seront tentés de sacrifier leur poste pour une aléatoire aventure électorale. Ziari est conforté dans sa position par Ouyahia dont aucun des ministres (RND) n’est intéressé par les élections. «Chérif Rahmani, Benbouzid, Mohamed Cherif Abbès, Yousfi, Ghoulamallah étaient des ministres avant même la création du RND.

Leurs carrières dépendent si peu de leurs positions à l’intérieur de leur parti. Déjà qu’en 2007, aucun d’entre eux ne s’était porté candidat…» Analyse notre source. Si l’on y ajoute le fait qu’il serait très difficile pour Belkhadem de convaincre même ses plus proches parmi les parlementaires de contester un amendement imposé par Bouteflika en personne, il est peu probable qu’il réussisse son coup au niveau de l’Assemblée. Auquel cas, Harraoubia maintiendra- t-il le cap sur le perchoir du palais Zighout- Youcef ? Le comportement du ministre de l’Enseignement supérieur dans cette affaire sera riche en enseignements : s’il présente sa démission du gouvernement cela signifiera que Bouteflika aura définitivement scellé le sort de Ziari…

K. A.