Comme pour démentir, et comme s’il en était encore besoin, la rumeur autour de la marginalisation de Benghebrit au sein du gouvernement, mais surtout pour marquer la solidarité de ce dernier à son égard après les attaques dont elle fait l’objet, le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, s’est présenté devant la presse en compagnie de la ministre de l’Éducation nationale.
La présence de Nouria Benghebrit aux côtés du Premier ministre, devant un parterre de journalistes, constitue, en effet, une image forte du soutien apporté par celui-ci à sa ministre, notamment après la salve de critiques dont elle fait l’objet depuis quelques semaines.
Pour le chef du gouvernement, on fait un faux procès à Benghebrit. “Il n’est dans l’intérêt de personne d’instrumentaliser les débats et de les sortir de leur contexte éducatif à des fins politiques”, lancera-t-il à l’adresse de certains courants qui se sont autoproclamés “défenseurs attitrés de la langue arabe”, notamment les islamo-conservateurs qui se sont attaqués à la ministre de l’Éducation pour avoir “envisagé” l’introduction graduelle de la langue maternelle (dardja) dans l’enseignement primaire.
Ces derniers, à leur tête l’Association des oulémas, seraient même allés jusqu’à demander au Premier ministre et à la ministre de l’Éducation d’annuler cette décision qui, selon eux, “constitue un grave précédent dans l’histoire de l’enseignement en Algérie”.
D’autres, beaucoup plus virulents, ont appelé à la démission de la ministre de l’Éducation nationale. “Les propositions issues de la conférence nationale pour l’évaluation du système éducatif seront examinées de près afin d’en tirer les meilleurs avantages”, a expliqué M. Sellal. Toutefois, il avait précisé, quelques minutes plus tôt, que “la langue arabe est un principe constitutionnel, civilisationel et culturel au même titre que la langue amazighe, qu’il faut développer et généraliser afin de sauvegarder l’unité nationale (…). Si la langue arabe
constitue l’outil fondamental de l’enseignement à l’école algérienne, rien n’empêche que cette dernière s’ouvre à toutes les langues vivantes pour l’acquisition des sciences et des technologies”.
Aussi, il appellera à “ne pas faire l’amalgame entre des propositions faites par des commissions de pédagogues et d’enseignants et des décisions de l’État dans le cadre de la reforme du système éducatif initié par le président de la République en 2000”.
Il récuse tout désaccord au sein
de son gouvernement
Accompagné de sept membres de son gouvernement, à savoir les ministres de l’Intérieur et des Collectivités locales, de l’Éducation, de l’Industrie, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, des Moudjahiddine, de la Santé et enfin de la Culture, Abdelmalek Sellal s’est refusé, jeudi, à tout commentaire sur les questions de l’heure (révision de la Constitution, chute du prix du baril de pétrole).
Néanmoins, il a préféré promouvoir l’unité de son gouvernement. “Il n’y a aucun désaccord au sein du gouvernement qui œuvre sous une seule autorité, celle du président de la République, Abdelaziz Bouteflika”, a-t-il affirmé, en marge du colloque organisé à l’occasion de la Journée du moudjahid au centre culturel Malek-Haddad. Jouant sur les mots, le Premier ministre a, par ailleurs, indiqué que l’objectif de son gouvernement est “de relever les défis économiques du pays”, secoué par une crise économique, conséquence de la chute du prix du baril de pétrole.
Il annoncera, dans ce sens, la tenue, le 29 août prochain, d’une réunion gouvernement-walis afin, dira-t-il, “de créer de nouvelles opportunités pour le développement de l’économie nationale et l’ouverture sur l’investissement”. Cette rencontre, rappelons-le, précédera la tripartite qui se tiendra le 15 octobre prochain à Biskra et qui réunira les partenaires sociaux et économiques.
L. N