Ksentini, le président de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l’Homme (Cncppdh) a proposé jeudi dernier de déclarer l’Armée nationale populaire (ANP) gardienne de la Constitution.
C’est ainsi qu’il s’est prononcé en faveur d’une réforme et d’une amélioration de l’article 70 de la Constitution qui énonce que le président de la République est le garant de la Constitution.
« Je voudrais ajouter à ce texte (article 70) que l’Armée nationale populaire soit déclarée la gardienne de la Constitution », at- il affirmé, évoquant, pour mieux convaincre, le model turc où l’armée, at- il dit, a joué un rôle extrêmement important dans la démocratisation de ce pays.
Le président de la Cncppdh a cité également les évènements qui ont affecté des pays de la région où il a noté le rôle fondamental de leurs armées respectives, en tant qu’institution en permettant une évolution des choses dans la bonne direction.
L’invité de la rédaction de la Chaîne III de la Radio nationale n’a pas manqué d’appeler à sauvegarder les constantes fondamentales dans la Constitution qui sont intouchables, soulignant que ceci ne peut pas faire l’objet d’un quelconque débat.
PERSONNES INTERNÉES DANS DES CAMPS DU SUD : ERREUR DE L’ÉTAT
Beaucoup reste à faire pour la promotion des Droits de l’homme et des libertés individuelles en Algérie, a souligné, par ailleurs le président de la Cncppdh. Celui-ci a indiqué que les causes de ce déficit étaient multiples, entre autres le parti unique qui a régi le pays pendant trente ans.
Interrogé sur les personnes internées dans des camps du sud au début des années 1990, il a jugé sans détour que ces personnes avaient subi un préjudice et qu’elles doivent être réhabilitées et indemnisées. En d’autres termes, l’État, à ses dires, se doit de réparer l’erreur qu’il a commise à leur égard. Le nombre des « anciens des camps » se situe entre 15 000 et 30 000 selon leurs représentants, mais l’administration doit avoir la liste exacte, at- il ajouté.
Concernant l’attribution d’agréments à de nouveaux partis politiques, il a précisé que l’agrément de partis ne doit faire l’objet d’aucun obstacle et d’aucune restriction, qualifiant d’ahurissant que des demandes traînent depuis des années sans qu’il leur soit apporté une réponse positive.
LA JUSTICE A RÉGRESSÉ
En 1999 l’État s’est engagé à réformer la justice. Ce n’est que justice rendu pour un secteur qualifié de défaillant. Mais depuis, il semble que les choses n’ont pas évolué dans le sens souhaité. Bien au contraire, la « justice à régressé ».
C’est ce qu’a déclaré le président de la Cncppdh qui constate, non sans amertume, que « rien n’en a été, malheureusement, retenu et ceci est déplorable », a-t-il dit. Pour lui, la Justice a besoin d’être revue et corrigée.
Il a estimé que les réformes initiées dans ce secteur se sont avérées inefficaces. «On a parlé de réforme de la justice mais cette reforme s’avère totalement inefficace» a-t-il affirmé, avant de déplorer le fait que rien n’ait été retenu du rapport de la commission nationale de réforme de la justice (Cnrj), qui était dirigée par feu Mohand Issad, et dont il avait lui aussi fait partie.
« La commission Issad, qui avait effectué au bout de six mois un travail intensif et de qualité, avait pourtant proposé un rapport comprenant des suggestions extrêmement importantes », a-t-il souligné. Evoquant des abus dans le recours à la détention préventive, le président de la Cncppdh a relevé que les choses se sont inversées.
Comment : « ce qui est appliqué est contraire à la loi », fait-il remarqué. Pour le président de la Cncppdh, les choses ne peuvent pas continuer à aller ainsi, d’autant plus qu’il existe dans notre pays des magistrats qui sont capables de rendre une justice de très haut niveau. Dans le même contexte, Farouk Ksentini a insisté enfin sur la nécessité de l’indépendance des magistrats.
Amokrane Hamiche