Un art millénaire, un patrimoine précieuxCette pièce appartenant à ce théâtre qui remontrait au XVIIe siècle, sera à nouveau donnée ce soir lundi 27 août, au Théâtre régional de Constantine.
Ibn Zeydoun affichait salle comble samedi soir dernier à l’occasion de la présentation du spectacle du théâtre japonais traditionnel de marionnettes, appelé le Bunraku. Il y régnait une ambiance chaleureuse, bon enfant quand les quelques coups de tambour sont donnés annonçant le début du spectacle, lequel était divisé en trois parties. A côté de la scène, à gauche prenaient place les joueurs de shamisen tandis que s’ouvraient les rideaux de la scène laissant entrevoir un paysage naturel, représenté par le fameux bonzaï, arbre symbole de la culture nipponne. Entrent alors deux hommes cagoulés et deux autres non cagoulés, ces derniers étant les maîtres à la riche expérience en matière de Bunraku. Commence alors le spectacle par une danse traditionnelle de fête et Sambanso, une pièce jouée afin de souhaiter la paix et la prospérité au public. La poupée danse activement et gaiement en agitant une clochette d’une part et un éventail d’autre part. Elle danse joyeusement, et comme un être humain prend chaud vers la fin et se permet de s’aérer quelque peu à l’aide de l’éventail cela provoque l’hilarité et la curiosité de ce public venu en masse. La danse représente nous dit-on l’ensemencement, deux paysages où l’on sème du riz dans un champ. Sambao est parfaitement appropriée à l’occasion de la célébration du 50e anniversaire de l’Indépendance de l’Algérie et de l’établissement des relations diplomatiques entre le Japon et l’Algérie. En deuxième partie, le maître Kiritake entre sur scène pour dévoiler comment ces marionnettistes manipulent une poupée. Il sera aussi question d’exprimer les différentes intonations vocales du narrateur et sa «façon déformée qui traduit le réel et les sentiments» tout comme la musique qui dégage, elle, chaque sensation de tristesse ou de bonheur chez la poupée. On a eu droit d’ailleurs à une démonstration sur le célèbre instrument à trois cordes pour lequel le public a accordé une nette attention surtout devant les notes et les voix relatives, à la femme en pleurs et au soldat samouraï en exaltation après avoir vaincu son ennemi. La troisième partie et la fin du spectacle fut toutefois bien courte et nous laissera quelque peu sur notre faim, tant on s’attendait probablement à plus et l’histoire d’amour entre cette princesse et son prince nous avait passionnés. Aussi, après avoir bien suivi les règles du Bunraku place à l’exercice pratique via cette pièce au nom magique, à savoir Le Renard blanc qui se narre comme un conte millénaire. La pièce principale donc s’intitulait ainsi. Elle a été écrite par Chikamatsu Hanji et fait partie des pièces inspirées de l’histoire. Son intrigue est simple: la princesse Yaegaki du clan Nagao, est fiancée au prince Katsuyori du clan Takeda, tous les deux très puissants et voisins. Mais le clan Nagao ayant décidé d’assassiner Katsuyori, sa princesse Yaegaki tente à tout prix de sauver son fiancé et part précipitamment le chercher.Devant un grand lac gelé de la région Suwa, Yaegaki, désespérée de ne pas pouvoir le traverser par bateau pour rejoindre Katsuyori, prie devant le casque militaire mythique de Takeda béni par le Grand Temple de Suwa. Alors, l’émissaire du temple, le Renard blanc, apparaît devant elle pour lui indiquer le chemin et conduit celle-ci vers Katsuyori en traversant le lac gelé. Jouée pour la première fois en 1766, Le Renard blanc est une des pièces les plus dynamiques du Bunraku et généralement bien appréciée par le public. Elle était samedi, accompagnée du texte ou d’un résumé projeté dans une vidéo placée, en bas de la scène, de manière à bien pouvoir comprendre la pièce. Car les secrets de la langue japonaise bien que déroulées avec harmonie par le narrateur sont loin d’avoir été percés, croit-on, par le public algérien. Une bien émouvante pièce déclinée avec une seule poupée, à savoir celle de la princesse se mouvant au milieu de son décor familier, la maison, et accompagnée par son fidèle sauveur, le Renard blanc.Cette pièce appartenant donc au célèbre théâtre Bunraku qui remontrait au XVIIe siècle, sera à nouveau donnée ce soir lundi 27 août, au Théâtre régional de Constantine. Avis aux amateurs!