Opinion n L’avocat et militant des droits de l’Homme, Me Miloud Brahimi, considère que le principe de présomption d’innocence n’est pas respecté en Algérie.
Intervenant ce matin sur les ondes de la Chaîne III de la Radio nationale, il a pointé du doigt également le recours «alarmant» à la détention préventive, dont il observe qu’il s’agit d’un principe qui est devenu la règle.
Il a expliqué cette situation par «un état d’esprit» de certains magistrats, qu’il accuse de ne pas faire une lecture correcte du droit. Revenant sur le premier point, Me Brahimi a estimé que le corps de la justice est passé du principe de présomption d’innocence à celui de «présomption de culpabilité», tout comme «on a transformé la détention préventive en condamnation définitive». Sur ce dernier point, l’intervenant a rappelé que des personnes sont détenues depuis de nombreuses années dans des prisons, dans l’attente de leur jugement, «une procédure héritée du droit français». A cet effet, il a fait mention de cas pour lesquels la Cour suprême à annulé la condamnation des prévenus lesquels sont restés, malgré tout, détenus «alors qu’ils étaient censés être en liberté provisoire». Il serait infiniment plus simple, selon Me Brahimi, de laisser les gens en liberté jusqu’à ce que les faits qui leur sont reprochés soient confirmés. Faisant état de la «dilapidation des libertés des citoyens», l’avocat a cité en exemple l’affaire Cosider, des suites de l’examen de laquelle des personnes avaient été innocentées, «après avoir passé quatre années en détention». Devant ces dépassements répétés, l’avocat a insisté sur la nécessité de mieux former les magistrats «aux plans juridique, technique, et même politique». Pour lui, la justice «doit être réformée et appuyée par des institutions qui doivent bien fonctionner». Relevant que les textes de loi relatifs à la justice sont «corrects» en soi, l’invité de la Chaîne III a appelé les magistrats à revoir la façon de lire le droit, «en prenant en compte l’importance de la liberté des citoyens». Amené, d’autre part, à commenter l’essor du phénomène de violence dans le pays, (40 000 cas constatés en 2014), l’avocat a souligné que celui-ci est «consubstantiel à notre société». Condamnant, en particulier, les violences exercées à l’encontre des femmes et des enfants, il a affirmé avoir du «mépris» envers ceux pour qui la femme n’est pas considérée comme l’égale de l’homme.
Farid Houali