Les agents de contrôle sont intervenus plus de 900.000 fois dans des opérations liées aux pratiques commerciales et à la lutte contre la fraude.
Entre les barons du commerce illégal et les pouvoirs publics, le jeu du chat et de la souris continue. Les chiffres livrés par le ministère du Commerce attestent que la lutte contre l’informel est loin d’être gagnée malgré toutes les mesures prises pour que les fraudeurs rentrent dans le rang et activent à visage découvert. L’opération de bancarisation des fonds de l’informel lancée en août 2015 a vraisemblablement connu un enterrement de première classe.
Les «parrains» sont passés par là. «Le montant global des transactions commerciales sans factures décelées par les services de contrôle du ministère du Commerce a atteint 68,84 milliards de DA au 1er semestre 2017, alors que des marchandises d’une valeur de 4,75 milliards de DA ont été saisies», a indiqué le directeur général de la régulation et de l`organisation des activités au ministère du Commerce, Abdelaziz Aït Abderrahmane.
Patriotisme économique dites-vous? Ne racontez surtout pas cette «blague» aux barons de l’informel. De toutes les façons, ils ne vous croiront pas. La crise financière provoquée par la dégringolade des prix du pétrole? Ils l’ignorent. Le nouveau modèle de croissance économique? Ce n’est pas pour eux. Saigner l’économie nationale par contre c’est leur «job». Ils le font sans état d’âme.
L’offensive est massive. Les chiffres parlent d’eux mêmes.«Entre janvier et fin juin de l’année en cours, 917.923 interventions ont été effectuées ayant permis l’enregistrement de 120 145 infractions et conduit à 113.373 poursuites judicaires et 6 877 fermetures», indique une dépêche de l’APS datée d’hier. Des statistiques qui confirment que le phénomène est d’une grande ampleur et que la saignée que subit l’économie nationale à travers ce type de business n’est pas près d’être maîtrisée.
Un constat confirmé à maintes reprises. A titre d’exemple les services du département de feu Bakhti Belaïb ont fait état, au début du mois d’août 2016 du chiffre d’affaires engrangé par la mafia de l’informel: plus de 41 milliards de dinars durant les six premiers mois de l’année dernière.
«Le chiffre d’affaires dissimulé de transactions commerciales non facturées, mises au jour par les services du ministère du Commerce au 1er semestre 2016, a augmenté à 41,64 milliards DA contre 31,51 milliards de dinars durant la même période de 2015», a indiqué une dépêche de l’APS datée du 2 août 2016. Un fléau élevé au rang de pratique commerciale qui n’épargne aucune parcelle du territoire national. A commencer par celles qui sont mitoyennes avec d’autres pays voisins. «Quant aux opérations de contrôle aux frontières, le nombre de cargaisons inspectées a été de 50 468 cargaisons (contre 50 968 au même semestre 2016)», indique les services du Département de Ahmed Saci. La prise n’est pas négligeable.
«Ce contrôle a permis de bloquer aux frontières 732 cargaisons (contre 854 au 1er semestre 2016) pour une quantité de 30.217 tonnes (contre 58.394 tonnes) d’une valeur de 7,5 milliards de dinars (contre 9,9 milliards de dinars)» indique la même source citée par l’APS. Ces pratiques mafieuses ont participé à la flambée des prix des produits de large consommation (pomme de terre, fruit et légumes en général…). «Le marché s’est caractérisé par l’absence de transparence et de loyauté dans des transactions commerciales, illustrées par la vente et l’achat sans factures, la pratique des prix illicites pour les produits soutenus par l’Etat, l’exercice d’activités commerciales sans titre légal et l’absence d’affichage des prix…», a expliqué le directeur général de la régulation et de l`organisation des activités au ministère du Commerce, Abdelaziz Aït Abderrahmane. Résultat des courses: l’addition est payée par les Algériens.