«L’offre mondiale de pétrole va rester pléthorique au premier semestre 2015…»
Alors que le débat s’intensifie sur les décisions à prendre pour réduire les dépenses, les prix du pétrole s’affichent hier autour des 55 dollars à Londres et étaient tout proches en cours des 50 dollars à New York.
Les nouvelles ne sont pas bonnes. Le président de l’Association nationale des exportateurs algériens (Anexal) qui était hier l’invité de la Radio nationale Chaîne III le confirme. Chiffres à l’appui. L’Algérie a importé pour près de 60 milliards en 2014. «Ceci sans compter la facture des importations des services qui s’élève à 12 milliards de dollars contre une exportation de près de 3 milliards de dollars, et près de la même somme pour ce qui est des exportations hors hydrocarbures» a ajouté Ali-Bey Nasri. Que préconise-t-il pour stopper l’hémorragie?
«Il est grand temps de limiter les importations pour protéger certaines de nos filières via l’instauration des licences d’importation», a conseillé l’invité de la Chaîne III qui a cité pêle-mêle les secteurs de l’agroalimentaire, les matériaux et constructions, l’électroménager, le textile, la mécanique. «Dommage que l’ébauche de 2007 ait été mise au placard» regrette-t-il faisant allusion à la fameuse stratégie industrielle du ministre de l´Industrie et de la Promotion des investissements de l’époque, sans la citer, qui proposait de valoriser ces filières qui auraient dû servir de locomotive pour donner naissance à une économie productive hors hydrocarbures. Un projet du gouvernement porté à bout de bras par Hamid Temmar. Son successeur, le ministre de l’Industrie, de la Petite et moyenne entreprise et de la Promotion de l’investissement, Mohamed Benmeradi, avait pris le taureau par les cornes. Il s’était rendu à Vienne en Autriche où il avait exposé devant la 14e Conférence générale de l’Onudi (Organisation des Nations unies pour le développement industriel), qui s’est déroulée du 30 novembre au 2 décembre 2011, les grandes lignes de la stratégie industrielle définies par l’Algérie dans le cadre de son plan de développement 2010-2014. Un immense chantier resté en rade depuis.
La dégringolade des prix du pétrole a fini par le remettre d’actualité et à mettre en exergue la question insoluble des importations. Alors que le débat s’intensifie sur les décisions à prendre pour réduire les dépenses, les prix du pétrole s’affichaient hier autour des 55 dollars à Londres et étaient tout proches des 50 dollars à New York. Ils poursuivaient leur descente aux enfers en cours d’échanges européens, plombés par une offre mondiale pléthorique, irakienne et russe notamment.
Vers midi, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en février valait 55,40 dollars sur l’Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en baisse de 1,02 dollar par rapport à la clôture de vendredi. Un peu plus tôt il est tombé à 55,16 dollars, un niveau plus bas en plus de cinq ans et demi. Le baril de «Light Sweet Crude» (WTI) pour la même échéance perdait 87 cents à New York, s’échangeant à 51,82 dollars.
La marge de manoeuvre du gouvernement se retrouve considérablement réduite avec une conjoncture aussi défavorable. Il s’agit aujourd’hui de colmater les brèches avant que le navire ne prenne l’eau. Lesquelles et comment? «La réponse tarde à tomber. La situation risque pourtant de se dégrader davantage et assez rapidement.
«L’offre mondiale de pétrole va rester pléthorique au premier semestre 2015… et continuer de tirer les cours vers le bas» soulignent de nombreux analystes. La course contre la montre est engagée. L’Algérie sera-t-elle dans les temps? Cela dépendra très probablement du baril…