Près de 30% des Marocains ont boudé les urnes

Près de 30% des Marocains ont boudé les urnes
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Un référendum sur mesure pour le roi Malgré un vote massif pour le oui (plus de 98% des votants), 4 millions d’électeurs ont préféré s’abstenir.

Le trône alaouite se taille une Constitution sur mesure. Le souverain marocain va céder une infime partie de ses pouvoirs. Le prochain chef de gouvernement sera issu du parti qui aura remporté les proches élections législatives. Ses pouvoirs seront renforcés mais le roi restera le gardien du temple. Si l’axe premier du nouveau texte met en exergue la consécration constitutionnelle de la monarchie citoyenne et du roi citoyen, une disposition stipule l’inviolabilité de la personne du roi et le respect qui lui est dû en tant que roi, Amir Al Mouminine et chef de l’Etat. Si le siège du souverain alaouite n’a pas vacillé après les mouvements de contestation pacifiques qui ont secoué plusieurs grandes villes du Royaume, Marrakech, Rabat, Casablanca, Rabat…, la monarchie a désormais ses détracteurs qui, de surcroît, contestent la légitimité du «plébiscite» du 1er juillet 2011. «Le référendum s’est déroulé dans un climat serein qui a montré le degré d’interaction entre le peuple et le contenu du projet de Constitution. Les jeunes de moins de 35 ans représentent 30% des votants», a indiqué le ministre de l’Intérieur, Taïeb Cherqaoui. Les jeunes du Mouvement du 20 février s’inscrivent en faux «C’est un référendum illégal car il a été marqué par des violations massives du principe démocratique. Les autorités ont profité des conditions sociales des gens et les ont forcés à aller voter pour le «oui»…Le Mouvement va manifester pacifiquement dimanche pour protester contre ce résultat ridicule», a déclaré à l’AFP Najib Chaouki, un des animateurs du mouvement. Le référendum du 1er juillet est-il alors un rendez-vous raté. Certains le pensent et le disent haut et fort. «C’est une très forte déception, nous avons raté une occasion historique pour le Maroc», a souligné apparemment avec amertume Mehdi Lahlou, un membre de l’opposition, qui appartient au Parti socialiste unifié (PSU) qui a dénoncé «la précipitation avec laquelle la campagne référendaire a été engagée». Des déclarations qui sont annonciatrices d’un durcissement de la contestation. Peut-on aller jusqu’à la confrontation? Cette option n’est pas à écarter. Pour le politologue Mohamed Tozy «si le Mouvement du 20 février joue un rôle de «veille» en revendiquant des réformes liées à la mise en oeuvre de la Constitution, comme la lutte contre la corruption, je pense que le pouvoir en a besoin maintenant… Mais s’il verse dans la provocation, la réaction des autorités risque d’être plus musclée», a estimé le politologue marocain Mohamed Tozy, professeur de sciences politiques à l’université Hassan II de Casablanca et à l’IEP d’Aix-en-Provence (France) dans un entretien accordé à l’AFP. Et qu’en est-il du comportement des électeurs sahraouis des territoires occupés?

De ces hauts lieux de la contestation que sont Laâyoune, Dakhla, Boujdour…Les blessures provoquées par l’assaut des forces d’occupation marocaines, le 8 novembre 2010, contre le camp de Gdeim Izik sont toujours béantes. Et il serait tout de même étonnant que les militants sahraouis aient tendu la joue à leurs bourreaux. Pour dire oui à une Constitution qui consacre la «marocanité» du Sahara occidental. «Je dirai donc «oui» à ce projet, car Je suis convaincu que, de par son essence démocratique, il donnera une forte impulsion à la recherche d’une solution définitive pour la juste cause de la «marocanité» de notre Sahara, sur la base de notre Initiative d’autonomie…», avait déclaré le souverain marocain dans un discours adressé à son peuple. Les Sahraouis lui ont très probablement répondu «non».

Le Front Polisario a exprimé son indignation à propos de cette question. «Le référendum sur la nouvelle Constitution est une violation flagrante du droit international, une fuite en avant et un brouillage des cartes du Maroc sur la question fondamentale de l’autodétermination du peuple sahraoui», a souligné Lamine Baâli, son représentant au Royaume-Uni. Rabat s’est cloîtré dans le mutisme. Le ministre marocain de l’Iintérieur n’a pas pipé mot. Des silences qui témoignent de la fuite en avant et du fait du… Prince.