A 11h, les manifestants étaient tous au rendez-vous. Les animateurs du mouvement Barakat avaient appelé, trois jours auparavant, à un rassemblement devant le siège de la wilaya. Et l’une des figures de proue de cette organisation politique, le Dr Bouraoui, avait déjà pris place aux côtés des autres membres de Barakat-Bejaïa dont le porte-parole du CLA, Idir Achour, au niveau de la rue de la Liberté.
Les policiers, quant à eux, se sont faits très discrets, et ce, depuis les trois années qu’avaient duré le mouvement citoyen de Kabylie, né des tragiques événements d’avril 2001. Toutefois, bien que l’appel à manifester ait été signé par le mouvement Barakat, d’autres acteurs avaient tenu à y prendre part. C’est le cas du Comité de réhabilitation de la journée du 5 octobre 1988, du Comité de solidarité avec les travailleurs, des syndicalistes et des militants politiques, lesquels se sont mués en Mouvement pour le changement du système.
Les manifestants, entre 150 et 200 personnes, ont tenu un sit-in devant le siège de la wilaya avant d’entamer une marche dans les rues de Bejaïa, jusqu’à l’esplanade de la maison de la Culture. Ils ont brandi des pancartes et scandé des slogans hostiles au système, qui doit, selon eux, « dégager » afin d’entamer une transition démocratique.
Sur les pancartes des manifestants, on pouvait lire : « La jeunesse s’engage, système dégage » ; « Rejet des élections présidentielles », « Y en a marre de ce système », « pour une transition démocratique », « quand l’injustice est lois, la résistance est un devoir » – banderole accrochée au niveau du quartier de la SNS – ou encore tout simplement « BARAKAT ! » au nom de l’organisation, qui projette de s’implanter en dehors d’Alger.
Le Mouvement pour le changement du système dont l’ancrage à l’échelon local ne manquera pas de rappeler dans un communiqué que « les différents mouvements de protestations à l’échelle nationale ne sont que l’expression d’une résistance face à une hégémonie d’un système qui n’apporte aucune réponse concrète aux aspirations du peuple ».
Et l’on affirme que dans ce contexte où « le pouvoir politique dénie toutes formes d’expression démocratique » et où l’on « confisque la souveraineté populaire », « les élections ne pourront être qu’une étape d’un processus de la dislocation de la nation ». Aussi, « devant le danger qui guette le peuple algérien, le Mouvement pour le changement du système issu de la société civile appelle les forces politiques et sociales (Partis, syndicats, associations et personnalités politiques) à une mobilisation plus large pour « rejeter des élections du 17 avril et exiger une transition démocratique ».
Salim Aït-Sadi