Près de 200 familles bénéficient d’appartements à Birtouta (Alger) Relogement des habitants des cimetières

Près de 200 familles bénéficient d’appartements à Birtouta (Alger) Relogement des habitants des cimetières

Un jour pas comme les autres s’est levé, hier, sur les cimetières d’Alger. Près de 200 familles occupant des baraques au milieu des tombes ont été relogées dans des logements flambant neufs à Birtouta.

Les cimetières gérés par les communes et ceux gérés par les établissements de wilaya de la gestion des pompes funèbres et des cimetières (Egpec, au niveau de la Capitale, ont connu des mouvements de va-etvient inhabituels.

Cette fois-ci, il ne s’agit ni d’un enterrement ni de ces mues que suscitent les visites rituelles des jours de l’Aïd et les vendredis. Non. C’est la 11e opération d’éradication des bidonvilles et de l’habitat précaire lancée par la wilaya d’Alger. Elle concerne un total de 224 familles dont 193 résidants dans des baraques de fortune dans l’enceinte des cimetières.

N’ayant pas de toit sur la tête, plusieurs familles ont investi ces lieux sensés être l’ultime résidence des morts. Elles n’ont rien trouvé comme espace accueillant où elles peuvent ériger leurs demeures que ces lieux d’enterrement. Certes, la vie ne donne pas toujours ce qu’on attend d’elle ; mais, prendre des tombes comme voisines, est digne d’un scénario hitchcockien.

Qui a envie de cohabiter avec les morts, si ce n’est fatalement ? Un bon nombre de familles s’est casé, dans des cimetières de leur vivant bousculant ainsi les morts dans leur dernier refuge.

Les citoyens rencontrés sur le site d’accueil situé aux 1 680 logements à Birtouta étaient unanimes à dire que la nuit de destin, d’avant-hier, est inoubliable.

Le miracle a bien eu lieu. Ils ont quitté le royaume des morts pour s’acheminer d’un pas hâtif vers de meilleurs lendemains, sous un toit loin des odeurs funéraires, au milieu des vivants. Avant cette nuit prodigieuse, il fallait oublier à longueur de journée qu’ils devaient slalomer entre les tombes pour atteindre enfin leurs demeures infestées de rats. Dedans, c’est lugubre.

Ils s’entassaient dans des pièces étroites et à chaque fois qu’ils jettaient leurs regards dehors, pour peu fuir cette misère qui s’invite aux bas de leurs lits, ils se heurtent à ce paysage macabre où logeaient des tombes à perte de vue. Ami Moh, ce vieux aux yeux pleins d’étincelles de joie, nous dira que leur situation était déshonorante.

Ce n’est pas facile d’avoir le cimetière de Sidi Tayeb d’El Harrach comme adresse, rétorquera-t-il. Une situation des plus difficile à accepter pour ces enfants qui vivent comme une honte cette situation. À l’école, dans les entretiens d’embauche où encore lors des présentations, ils s’abstiennent toujours de mentionner leurs adresses réelles.

Ils ne peuvent même pas inviter leurs amis à la maison. Si le jour, ces petits enfants, jouent à cache-cache et à la marelle entre ces tombes, au milieu de la nuit ils voient souvent leur sommeil troublé.

Les pierres tombales leur font peur, surtout le jour où il y’a plusieurs enterrements. Mais depuis, hier, ce paysage funèbre ne fait plus partie de leur quotidien. Ils occupent désormais des appartements loin de la sainteté des cimetières.

Tout n’est pourtant pas parfait dans l’euphorie qui a accompagné cette opération de relogement. Abdelkader un des fossoyeurs d’El Alia a piqué une colère quant à l’exclusion de son fils de la liste des bénéficiaires et également de l’exiguïté du logement que la wilaya lui a octroyé. Sa joie n’est pas totale et les cris des youyous de sa femme ont cessé de fuser juste après la remise des clés du F2.

L’espace, dira-t-il, est tellement étroit qu’il est encombré uniquement par les affaires. Sa situation, ajoutera-t-il s’est plus dégradée dans sa nouvelle demeure. Son fils est injustement évincé de la liste, alors qu’il est employé à l’intérieur du cimetière.

Mais il faut dire que les contestataires n’étaient pas nombreux, contrairement aux précédentes opérations de relogement qu’a connu la Capitale. Outre les 200 familles « occupant » 14 cimetières au niveau de l’Algérois, l’opération touchera également quelque 15 autres familles qui occupent illicitement un endroit se trouvant dans l’ex-musée de l’armée sis au boulevard Fernane- Hanafi, dans la commune de Belouïzdad, ainsi que le relogement de 16 autres familles qui ont érigé un bidonville à Makouda dans la commune de Aïn Benian qui entrave considérablement l’avancement des travaux du dédoublement de la RN 11.

Hamid Mohandi