Le mois de Ramadhan tire à sa fin et ces dix derniers jours que nous vivons ont une importance particulière pour les familles Oranaises car, comme le veut la tradition, elles seront consacrées à la confection de gâteaux et des différentes pâtisseries pour les fêtes de l’Aïd.
Cependant, même si le gros des us ancestraux est toujours conservé dans la mémoire collective, il n’empêche que certains qui les accompagnaient et qui donnaient un charme particulier aux dernières veillées ramadhanesques, ont malheureusement disparus du paysage local ne laissant qu’amertume et nostalgie chez les anciens Oranais.
En effet, les trentenaires d’aujourd’hui peuvent encore se souvenir des boulangers qui mettaient, moyennant une somme symbolique, à la disposition des habitants du quartier, leurs fours à mazout pour la cuisson de leurs gâteaux. Qui ne se souvient pas du four de Khédidja, de Smaïl ou encore de Abdelmadjid, tous installés dans la rue des Aurès (ex rue de la Bastille) ?
Qui ne connaîssait pas Kouchet El Yaqout et Kouchet Cosmos à Haï El Badr (ex Cité Petit) et qui n’a pas cuit ses Kaâk et ses Torno dans Kouchet Zaouch de la rue de Mostaganem ?

C’est dire que chaque quartier d’Oran avait son four qui faisait sa fierté et qui voyait, juste après le F’tour, défiler femmes, hommes et enfants portant des plateaux en équilibre sur leur tête et dissimulant mal leur fierté car pensant, chacun en son intérieur, que son gâteau était le plus beau et le plus bon.
Une conviction qui s’en allait jusqu’au pari parfois et c’était le fournier qui faisait l’arbitre en s’adonnant au jeu de dégustateur pour départager les belligérants, mais souvent en ne mécontentant personne.
C’était des fours de quartiers où des amitiés son nées et où des liaisons d’amour ont vu le jour et qui se sont conclues par des mariages. C’était le bon vieux temps. Une époque qui rassemblait les gens et qui scellait des unions sacrées.
A présent, avec le nouveau mode de vie des gens d’El Bahia, fait de faste et de nouvelle technologie, les gens sont de plus en plus cloîtrés chez eux et les familles qui pensent toujours à confectionner par elles mêmes leurs gâteaux de l’Aïd, préférant cuir ces derniers dans leur propre cuisinière.
S. Makhlouf