près de longues journées de ce mois d’août, durant lesquelles le jeûneur fait ce qu’il peut pour supporter la canicule et surtout la soif, le soir venu et après avoir rompu le f’tour, chacun essaie de meubler le reste de la nuit à sa manière.
Si la grande majorité des familles reste à la maison durant les tout premiers jours, ne faisant que quelques sorties timides auprès de leurs proches, il n’en reste pas moins que les habitudes ne semblent pas pour autant avoir changé.
En effet, après la prière du «tarawih» pour ceux et celles qui la font, beaucoup de citoyens ont commencé à sortir en plus grand nombre à partir de la soirée du vendredi, surtout que, en général, la journée du lendemain, samedi, est chômée puisque faisant partie du week-end semi-universelle.
Il y a les hommes, qui se dirigent, pour la plupart, vers les cafétérias pour se retrouver entres amis afin de siroter un café ou une boisson fraiche et passer un bon moment à discuter de tout et de rien et notamment des événements de la journée. Dans certains établissements, comme ceux qui se trouvent dans les quartiers populaires, les jeunes et moins jeunes se retrouvent pour d’interminables parties de cartes ou de dominos.
Les équipes de joueurs, formées en duo, se bousculent pour se succéder entres elles. Les parties s’enchainent jusqu’à une heure tardive de la nuit et parfois coïncident même avec l’appel du muézin.
Certaines familles ou couples, particulièrement pour ceux qui sont véhiculés, préfèrent effectuer une petite virée en ville, où les crémeries ont bonne réputation et, ainsi, s’assoir dans l’une des nombreuses terrasses et savourer des glaces, tout en contemplant l’environnement et le mouvement des va-et-vient de la foule.
Au même moment, d’autres préfèrent se rendre vers les salles de cinéma, théâtre ou tout autre endroit, qui propose des soirées culturelles afin de passer un bon moment en joignant l’utile à l’agréable.
Un rituel comme chaque année
Mais, il y a surtout, et cela est devenu une sorte de rituel chaque année, ces pères et ces mères de famille, plus généralement ces dernières, qui mettent à profit ces sorties nocturnes pour faire des emplettes concernant les vêtements pour l’aïd. Ces bonnes femmes sont très souvent accompagnées de leurs progénitures.
Ce qui leur permet de faire des essayages tout les faisant profiter de quelques instants d’évasion. «Si, durant la journée, c’est l’imbattable M’dina J’dida, qui détient la palme d’or en matière de commerce dans le genre, la nuit, par contre, ce sont les belles boutiques du centre-ville, qui sont les plus en vogue et qui attirent les clients», dira une mère de famille entourée de ses enfants, un petit garçon et deux fillettes, qui s’apprêtaient à pénétrer dans un grand magasin situé sur la rue Larbi Ben M’hidi aux environs de 23h 00.
Les plus nantis financièrement passent carrément leurs nuits dans les nombreux hôtels et restaurants mais, aussi, des salles des fêtes transformées, le temps de ce mois de ramadhan, en un lieu d’animation, où sont proposés des soirées pimentées par des artistes et groupes musicaux divers, ainsi que toutes sortes de dégustations spécialement faites pour ce genre de lieux de réjouissance.
Cependant, il y a surtout ceux et celles, plus nombreux, qui n’ont, pour unique espace de liberté, que leur environnement direct, soit leur quartier soit l’intérieur de leur maison. Là, les adolescents surtout s’organisent pour aménager de petites parcelles de terrain, généralement là où il y assez d’éclairage, comme à proximité ou sous un candélabre d’éclairage public, ou même à l’entrée de blocs d’habitation, pour s’adonner, eux aussi, à des parties de jeux de cartes ou de dominos.
Chez les plus vieux, c’est surtout le jeu de dames, qui est plus utilisé. Il n’est pas rare, d’ailleurs, d’apercevoir des groupes de copains du même quartier ou du proche voisinage se constituer, un peu partout, pour passer ainsi le temps. Chacun apporte un petit quelque chose de la maison : un thermos de café, du thé, des gâteaux, de l’eau, etc.
Il existe même ceux qui n’aiment pas sortir le soir
Dans tout cela, il y a également ceux qui restent à la maison et plus singulièrement les filles qui font, elles aussi, comme elles peuvent. C’est surtout la télévision, qui reste leur principal moyen d’évasion. Aussi, après les séries de feuilleton, dont elles raffolent, y a-t-il les films en CD qu’elles louent, notamment les DVX, qui ont la particularité de renfermer plusieurs films.
Certaines jouent au Monopoly ou même aux cartes et dominos lorsque ce n’est pas au rami. On sort également pour se rendre chez le cybercafé du coin dans le but de surfer sur la Toile du net ou tchatcher avec des amis à l’autre bout de la terre. Sinon, elles se rendent chez de la famille ou chez des voisines pour passer quelques bon moments ou juste pour échanger des idées.
Toutefois, cette particularité n’est pas le propre de la gent féminine car il y a également des hommes, qui n’aiment pas sortir le soir après le f’tour, préférant de loin rester chez soi, soit pour piquer un somme soit tout simplement parce qu’ils se sentent mieux à la maison
Enfin, chacun fait comme il peut pour occuper ses soirées durant le ramadhan. Mais, il ne faut pas oublier tous ceux qui travaillent durant la nuit, au moment où d’autres se divertissent.
BB Ahmed