Universalisme de la musique amazighe
Beethoven, Mozart, Ravel, Haydn ont immortalisé la musique.
Leurs œuvres se jouent partout dans le monde.
Pourquoi en adoptant les mêmes formes, les mêmes modes et les mêmes structures de composition ne ferait on pas de même avec la musique amazighe.
C’est ce qu’a entrepris le compositeur marocain, Belaid El Akkaf en écrivant la première symphonie amazighe. Le compositeur marocain Belaid El Akkef est venu à Alger, invité dans le cadre du premier festival culturel de la musique symphonique. C’est au cours d’une conférence tenue à l’Institut national supérieur de musique qu’il a présenté son œuvre. Il a déclaré « C’est une exclusivité que j’ai réservée à ce pays frère qu’est l’Algérie.
Mon CD n’est encore pas commercialisé au Maroc. Cet enregistrement vient tout juste d’être terminé techniquement en ce mois de décembre 2009. Il n’a pas encore été entendu en public. Je le fais écouter pour la première fois ici à Alger».
Cette première symphonie amazighe est construite en quatre mouvements, Allegro, Adagio, Menuet et Final.
Cette composition dure une quinzaine de minutes Le troisième et le quatrième mouvement sont les plus longs avec une durée de cinq minutes chacun. Belaid El Akkef a conçu la composition et a effectué les arrangements en s’abreuvant profondément aux sources du patrimoine musical amazighe, très vivant encore dans les régions du Maroc.
Il a puisé ces racines en élargissant encore davantage ses recherches, reprenant des mélodies et des rythmes de la musique amazighe des pays africaine limitrophes, tel que le Mali et le Niger. C’est le maestro marocain Tamim qui a dirigé l’orchestre jouant cette première symphonie amazighe.
L’orchestre est celui du Conservatoire national de musique et de danse de Rabat La réalisation du CD a été confié an Centre marocain des études artistiques, des expressions littéraires et de la production audiovisuelle. Le compositeur Belaid El Akkaf est un auteur tout désigné pour réaliser une telle œuvre qu’est une symphonie.
Il connaît parfaitement la musique symphonique pour avoir fait de longues études musicales théoriques et pratiques dans l’ancienne Union soviétique et cela, auprès de grandes écoles de musique.
De retour au Maroc, sa seule passion est restée la musique. Il a exercé longtemps la musique académique. Pour Belaid El Akkaf la musique ne doit pas être que la reprise d’autres œuvres.
La recherche doit s’imposer pour la création de compositions nouvelles et le patrimoine culturel amazighe est tellement riche dans ce sens. Belaid El Akkaf, grâce à sa formation propre académique veut en même temps ouvrir cette musique à l’universel.
Il enrichit et élargit son champ d’investigation au delà de la musique symphonique. Aussi a-t-il créé son propre groupe. C’est un ensemble de jazz dont le répertoire est composé de morceaux exclusivement d’inspiration du patrimoine musical amazighe. «Je compose moi-même mes titres en mettant en valeur la culture amazighe, C’est mon principe cardinal », aime-t-il à dire.
Par le jazz, expression musicale universelle, ce talentueux compositeur initie d’autres sensibilités aux couleurs chatoyantes de la musique amazighe. Belaid El Akkaf a ainsi sillonné de nombreux pays dans le monde avec son groupe. Sa dernière tournée remonte à l’été dernier où il a été invité à se produire au Chili.
Il faut dire, d’autre part, que Belaid El Akkaf trouve le meilleur terrain au Maroc pour ses recherches dans le patrimoine musical amazighe. Il précise « Nous avons à Rabat un prestigieux centre d’analyses, d’études et de recherches amazighes. C’est un bâtiment luxueux dont les structures d’accompagnement s’étendent sur plus de dix hectares. Son envergure dépasse même celui du ministère de la Culture.
Il est riche en documentation et les chercheurs s’activent dans la fixation et la sauvegarde du patrimoine cultuel amazighe ainsi que dans l’élaboration de voies nouvelles ». Belaid El Akkaf précise encore que la culture amazighe connaît un renouveau et une renaissance sans précédent au Maroc. C’est l’écriture tifinaghe qui a été retenue comme support d’expression.
L’enseignement aujourd’hui généralisé, se fait par ces caractères, de même que pour les publications, les enseignes et les inscriptions.
Kamel Chériti.