Ali Benflis a marqué son retour, hier, en rendant hommage à l’ancien ministre et bâtonnier Ammar Bentoumi. Le discours prononcé par l’ex-ministre de la Justice et ancien secrétaire général du Front de libération nationale était axé essentiellement sur le respect du droit.
Première sortie publique de Ali Benflis après dix années de repli. L’ancien secrétaire général du Front de libération nationale et candidat à l’élection présidentielle de 2004 a choisi la voie du droit pour marquer son retour.
Benflis a participé, hier, aux Journées commémoratives en hommage au bâtonnier Ammar Bentoumi qui ont débuté à l’hôtel Hilton. Mais, pour lui, pas question de transformer cette commémoration en tribune politique. «Je suis ici pour rendre hommage à un grand homme.
Par respect pour Ammar Bentoumi, pour sa famille et pour les organisateurs, je ne veux pas exploiter cet événement pour des objectifs politiques personnels», lancera-t-il aux journalistes venus couvrir cette première sortie. Face à l’insistance de l’un d’entre eux, il lâchera avec un sourire : «Je suis un acteur politique.
J’interviendrai bientôt. Très bientôt.» A la tribune, le message essentiel transmis par Ali Benflis dans son intervention tenait en deux mots : respect et dignité. Respect d’abord pour son aîné Ammar Bentoumi qu’il a côtoyé dès ses premières années dans le corps de la magistrature.
«Nous sommes en cette année 1972, jeune procureur général à Constantine, je fus étreint d’une intense émotion quand le grand militant, le brillant avocat, le respecté ministre et le valeureux bâtonnier se présenta devant moi à l’occasion d’une visite de courtoisie qu’il me rendit pour les besoins d’une affaire qu’il devait plaider à la cour de Constantine, comme le veut la tradition bien établie.
J’étais conscient de vivre un moment particulier puisque, devant moi, se dressait, majestueux de dignité et auréolé des lettres de noblesse du militantisme, un acteur-clé de la justice algérienne, une véritable vigie des libertés», dira Ali Benflis.
Respect et dignité envers les hommes de loi, avocats et magistrats. «Nous t’avons perdu par la présence physique mais ton souvenir vivra dans chacun d’entre nous, chaque fois que la voix d’un avocat retentira dans la salle d’audience pour défendre la primauté du droit.
Tu vivras également chaque fois qu’un magistrat fera honneur à la noblesse de sa profession, défendra ses valeurs, sa dignité et son indépendance en s’opposant à toute forme d’ingérence, de trafic d’influence et de déviation.
Tu vivras chaque fois qu’un magistrat dans l’Algérie des villes et dans l’Algérie profonde prononcera un jugement pour dire le droit et rendre la justice au nom du peuple algérien et en ayant recours à cette formule exécutoire dont tu as été à l’origine aux balbutiements de l’ère de l’indépendance.»
Ali Benflis a refusé que cette première sortie publique ait une consonance politique. Pourtant, évoquer un homme de droit de l’envergure de Ammar Bentoumi dans le contexte de crise que traverse l’Algérie devient nécessairement un acte politique.
«A l’instar de nos autres aînés qui nous ont montré la voie du dévouement au service de notre pays, tu t’es, tout au long de ta vie, échiné à rechercher les solutions et à proposer les portes de sortie chaque fois que l’Algérie s’est retrouvée à la croisée des chemins et qu’elle s’est interrogée sur son avenir et sur son devenir.
Aujourd’hui plus que jamais, ton exemple nous inspire et plus qu’à tout autre moment, je ressens en cette étape particulière de la vie de la nation, le poids de la responsabilité que ton souvenir m’impose.» Dans quelque temps, Ali Benflis pourra rendre un nouvel hommage à Ammar Bentoumi. Car, grâce à lui, il est de nouveau dans l’arène politique.
T. H.