Première marche à Alger après la levée de l’état d’urgence

Première marche à Alger après la levée de l’état d’urgence

à l’opposé des partenaires étrangers qui ont pris au mot le gouvernement algérien, certains acteurs de la CNCD, eux, ne voient dans la levée de l’état d’urgence qu’une énième ruse d’un régime acculé pour se tirer d’affaire.

Première manifestation publique à être organisée au lendemain de la levée de l’état d’urgence, la marche populaire de la Coordination pour le changement et la démocratie (CNCD), aujourd’hui à Alger, a incontestablement valeur de test. La bonne foi démocratique des pouvoirs publics sera, pour ainsi dire, mise à l’épreuve. Les principaux partenaires de l’Algérie, les états-Unis et la France, se sont réjouis de la décision prise par le chef de l’État algérien de lever l’état d’urgence en vigueur depuis 19 ans. Le président américain, Barack Obama, a félicité, jeudi soir, les autorités algériennes “pour avoir pris une mesure importante aujourd’hui en levant officiellement l’état d’urgence”. Il faut dire que les Français ont été les premiers à tresser des lauriers pour les autorités algériennes. Le 14 février, soit deux jours après la répression de la première marche de la CNCD, le porte- parole du quai d’Orsay a soutenu : “Nous avons pris note de l’ensemble des décisions annoncées lors du dernier Conseil des ministres du 3 février en Algérie, en particulier la levée imminente de l’état d’urgence et l’ouverture du champ audiovisuel aux différentes sensibilités politiques. Ces mesures, dès qu’elles seront mises en œuvre, constitueront à l’évidence un pas dans la bonne direction pour répondre aux attentes du peuple algérien.” Et au lendemain de la répression de la deuxième marche, le président français envoie son “Monsieur Algérie”, Jean-Pierre Raffarin, à Alger, pour discuter des affaires, rien que des affaires.

à l’opposé des partenaires étrangers qui ont pris au mot le gouvernement algérien, certains acteurs de la CNCD, eux, ne voient dans la levée de l’état d’urgence qu’une énième ruse d’un régime acculé pour se tirer d’affaire. Joint par l’AFP, le président du RCD, un des membres de la CNCD, a qualifié cette mesure de “manœuvre”. “C’est un effet d’annonce, c’est une manœuvre, car l’état d’urgence est maintenu dans la capitale”, a-t-il soutenu tout en réitérant la détermination de la CNCD à continuer la lutte pour “le changement du système”. Un discours très offensif qui laisse penser que le retrait de représentants de certaines organisations de la CNCD n’a pas du tout affecté la volonté des principaux animateurs de celle-ci à réaliser leur objectif initial, à savoir “la mise en place d’une phase de transition en faveur d’un changement de système”. Ainsi, “devant les tentatives de division et de reniement des engagements qui ont présidé à la création de la CNCD en date du 21 janvier 2011, qui s’est assignée comme objectif principal le changement radical du système politique en place depuis 1962”, lit-on dans une déclaration de la CNCD-Oran.

Les membres de la CNCD d’Oran se démarquent “des positions fractionnelles et minoritaires qui tendent à casser la cohésion de cette dynamique populaire” et relèvent que “ce revirement survient suite à une déclaration d’un notable du FLN soutenu par un opposant en exil”. Et de proclamer leur adhésion aux manifestations et actions hebdomadaires (tous les samedis) retenues lors de la création de la CNCD, dont celle d’aujourd’hui.

Mais d’aucuns se posent la question de savoir si, à la faveur de la levée de l’état d’urgence, les pouvoirs publics vont laisser les partisans de la CNCD organiser leur marche. Le ministre de l’Intérieur, Ould Kablia, et son collègue des affaires étrangères, ont donné un début de réponse. “Sur le principe, je pense qu’elle ne sera pas autorisée. Il y a d’autres moyens de s’exprimer”, a déclaré, mercredi sur le plateau de France 24, M. Ould Kablia. Les marches “sont interdites seulement à Alger. Partout dans le pays, il est possible de marcher et les gens ont marché quand ils ont souhaité”, a précisé, sur la chaîne française Public Senat, M. Medelci.