L’Algérie s’est toujours attachée au principe de non-ingérence étrangère dans la région du Sahel mais avec tous les enjeux géoéconomiques que représente cette région subsaharienne, il est difficile de contrôler la situation, notamment avec la montée de l’activité terroriste et la naissance de nouveaux groupes terroristes aux côtés d’Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), suite à la circulation des armes et le conflit malien qui dure depuis plus de sept mois.
Les capitales occidentales ne cachent pas leur intérêt pour la région du Sahel et ne ménagent aucun effort pour apporter leur vision des choses. Dans ce cadre, une nouvelle initiative est née appelée «Conférence régionale Afrique du Nord et Sahel», alors qu’il existe déjà un cadre propre aux pays du Sahel dans leur lutte contre le terrorisme.
Il s’agit de la coalition «Algérie, Mali, Mauritanie, Niger). Toutefois, l’Algérie adhère à cette initiative et abritera à partir d’aujourd’hui, la première conférence régionale «Afrique du Nord et Sahel» du Centre d’excellence de sécurité chimique, biologique, radiologique et nucléaire (CBRN).
Dans un communiqué rendu public hier, le ministère des Affaires étrangères explique que cette initiative est le fruit d’une coopération avec l’Union européenne qui vise à renforcer les capacités des pays du Sud pour lutter efficacement contre le trafic illicite des matières sensibles et atténuer les risques de terrorisme d’armes improvisées de destruction massive.
A ce propos, la même source ajoute que cette initiative s’inscrit aussi dans le cadre de la mise en oeuvre de la résolution 1540 du Conseil de sécurité de l’ONU sur la lutte contre l’acquisition des technologies sensibles par des acteurs non-étatiques.
Il est précisé également que l’initiative se traduira par l’instauration de mécanismes régionaux fonctionnels devant aboutir à la création d’un réseau international de compétences et d’expertise dans le cadre d’une stratégie d’ensemble d’atténuation des risques liés aux technologies et matières sensibles.
Dans ce contexte, le Centre régional abrité par l’Algérie, sera dédié à la coopération avec les pays d’Afrique du Nord et du Sahel qui participent à la réunion d’Alger, à savoir l’Algérie, la Tunisie, la Libye, l’Egypte, le Maroc, la Mauritanie, le Burkina Faso, le Mali, le Niger, le Soudan et le Tchad.
S’agissant de l’adhésion de l’Algérie à cette initiative, il est expliqué qu’elle participe de «sa volonté d’apporter sa contribution à la revitalisation et au renforcement des instruments de sécurité régionale et internationale».
Le MAE ajoute que les participants à cette réunion, co-organisée par l’Algérie, l’Union européenne et l’Institut interrégional des Nations unies pour la recherche et la criminalité et la justice, «examineront, notamment l’état d’avancement de ce projet au sein de la région considérée et les moyens de dynamiser la collaboration régionale entre les pays d’Afrique du Nord et du Sahel et l’Union européenne ».
Il est à noter que dans le cadre du jeu d’influence dans la région du Sahel, la France avait initié «un groupe d’action antiterroriste » (créé durant sa présidence du G8 en 2003). Toutefois, il y a un année, une dépêche de l’AFP citant une source malienne parlait de la possibilité d’élargir la coalition de lutte contre le terrorisme au Sahel au Maroc, la Libye et le Tchad.
Il faut souligner qu’Alger défend toujours le fait que la situation au Sahel est une affaire des pays de la région, tout en dénonçant le payement des rançons et la mise en liberté des terroristes en échange des otages, comme ce fut le cas avec l’otage français libéré suite aux pressions françaises sur le Mali de libérer quatre terroristes, dont deux Algériens revendiqués par l’Algérie.