Première célébration officielle du jour de l’an Amazigh, Yennayer : l’histoire réappropriée

Première célébration officielle du jour de l’an Amazigh, Yennayer : l’histoire réappropriée

Le Haut-Commissariat à l’amazighité, qui a pris la responsabilité d’organiser la célébration, veut donner de l’ampleur à l’événement comme l’est l’enracinement de cette tradition chez les peuples nord-africains.

C’est cette année que l’Algérie célébrera officiellement le jour de l’an amazigh pour la première fois de son histoire. Yennayer, ce repère historique de tous les habitants d’Afrique du Nord, a fini par s’imposer à l’officialité et à exiger sa part de reconnaissance. Séculaire comme le sont la langue et la culture de la région, Yennayer, coïncidant avec le 12 janvier du calendrier grégorien, a, de tout temps, été célébré. Pour cette année, les pouvoirs publics n’ont pas lésiné, faut-il le reconnaître, sur les moyens afin de marquer la fête.

Le Haut-Commissariat à l’amazighité (HCA), qui a pris la responsabilité d’organiser la célébration, veut donner de l’ampleur à l’événement comme l’est l’enracinement de cette tradition chez les peuples nord-africains. Si El-Hachemi Assad, secrétaire général du HCA, a longuement évoqué, hier, la célébration lors d’une conférence tenue à El Moudjahid. Il a d’emblée rappelé que la célébration officielle a eu lieu mardi à Laghouat. En marge de ce coup d’envoi des festivités officielles, il a mis l’accent sur les chantiers lancés à l’occasion, comme “la généralisation de l’usage de tamazight par les institutions relevant du ministère de l’Intérieur à travers le pays”, déclinant à l’occasion un programme de célébration dans toutes les wilayas du pays.

Concernant les erreurs constatées sur la transcription des frontons en tifinagh, il a souligné que l’institution qu’il dirige a mis à la disposition des institutions un glossaire comme référence dans l’inscription des frontons en tamazight et que les erreurs commises vont être corrigées. Il a également souligné que dans cette optique, la statue du roi numide Massinissa sera inaugurée par le wali d’Alger au courant de la semaine prochaine, rappelant qu’elle est prévue à la gare de Tafourah, sauf changement de lieu.

“L’essentiel pour nous est la réalisation du projet”, a-t-il dit. Interrogé sur la nomination des 40 membres de l’Académie algérienne de la langue amazighe, tout en se félicitant “de cet acquis”, il a estimé que la relation du HCA avec l’Académie se base “sur la complémentarité et l’interaction”, mettant l’accent sur “le travail énorme qui attend cette institution”, seule à même, a-t-il estimé, “de travailler sur la standardisation et la normalisation de la langue amazighe”.

Concernant la composante, où d’aucuns ont remarqué l’absence de “berbérisants”, Si El-Hachemi Assad a rappelé que le choix des membres a été confié au ministère de l’Enseignement supérieur, qualifiant le président, Mohamed Djellaoui, d’“homme capable de relever les défis”, invitant les citoyens “à les laisser travailler dans la quiétude”. Concernant la problématique de la graphie, le SG du HCA estime que ceux qui évoquent indéfiniment “ce problème” ont “des arrière-pensées”. À propos de la problématique liée à la généralisation de l’enseignement, M. Assad a plaidé pour la mise en conformité des textes régissant le secteur de l’éducation, notamment la loi d’orientation scolaire qui prévoit dans son article 34 que l’ouverture de classes en tamazight est conditionnée à la demande sociale.

“Il faut que ces textes soient conformes à la Constitution qui a consacré tamazight langue nationale et officielle”, a-t-il dit, rappelant que le HCA travaille en étroite collaboration avec le département de Benghabrit sur ce volet et dont l’objectif est d’introduire cet enseignement dans les 27 000 établissements scolaires. Lors de la même conférence, le professeur Mohamed El-Hadi Hareche a traité de la dimension historique de Yennayer, en estimant que le calendrier amazigh, contrairement à celui égyptien ou romain, était le plus juste, et que c’est à partir de ce calendrier que Jules César a rapproché le calendrier romain de la réalité.

Mohamed Mouloudj