La Garde républicaine transportant le corps du défunt ex-Président Chadli Bendjedid
On le présente comme le père des réformes qui ont permis à l’Algérie de basculer dans le multipartisme et la démocratie.
Quelques mois seulement après la disparition du premier président de l’Algérie indépendante, voilà qu’une autre figure illustre nous quitte, à son tour, plongeant le pays dans le deuil et la consternation.
Décédé samedi, après une longue maladie, le président Chadli Bendjedid a dirigé le pays du 9 février 1979 au 11 janvier 1992. Période durant laquelle cet ex-colonel de l’armée, appelé à la rescousse, pour diriger l’Algérie, après la mort du président Houari Boumediene, s’illustra particulièrement, en initiant les réformes qui allaient libérer progressivement le champ politique et baliser le chemin de la démocratie.
Grâce à elles, l’Algérie ne tarda pas à basculer dans le multipartisme et la démocratie qui façonnèrent la vie politique, en permettant, notamment, l’avènement de nouveaux partis venus se frotter au FLN qui régnait, alors, en maître sur la scène politique et dirigeait le pays. Malgré les rapports parfois tendus qu’il entretenait avec l’armée, celle-là même qui l’avait ramené et imposé à la tête de l’Etat, et sa brouille avec le parti unique qui lui reprochait trop son penchant à droite, feu Bendjedid a réussi à faire passer toutes les réformes qu’il avait engagées et promis de mener à bon port.
Le vent de démocratie qui commença à souffler sur le pays fut mis à profit par les Algériens qui réclamèrent plus d’ouverture et surtout plus de liberté. L’élargissement du champ médiatique qui permit à de nombreux journaux de voir le jour et l’ouverture de la télé aux associations à caractère politique afin qu’elles se fassent connaître et débattre de leur programme en toute liberté, est à mettre, aussi, à l’actif de Chadli Bendjedid et des membres du gouvernement qui l’ont accompagné tout au long de ses douze années de règne. Tout comme les fameux PAP appelés communément Programmes anti-pénuries que le successeur de Boumediene avait initiés pour inonder les marchés et magasins en produits de première nécessité et calmer les citoyens qui n’étaient pas parvenus à se les procurer.
Sous l’ère Bendjedid, les gens pouvaient voyager et se rendre en France, notamment, sans autorisation de sortie, ni visa. On doit, également, à l’ancien président de nombreuses réalisations dont le complexe culturel de Riadh El Feth et Maqam Echahid en sont les joyaux. Il a été aussi un acteur important dans le rapprochement, à l’époque, entre les pays du Maghreb et de l’UMA. A l’inverse, ses adversaires le présentent comme un homme politique sans envergure, qui était otage des militaires et n’avait pas de vision politique claire et lointaine lui permettant de diriger un pays aussi grand et aussi important que l’Algérie.
On l’accuse d’avoir organisé les événements du 5 Octobre 1988 afin, murmure-t-on, de discréditer le FLN et l’éliminer de la scène politique. Il est, également, accusé d’avoir donné l’ordre de réprimer dans le sang le Printemps berbère du 20 avril 1980. Les mauvaises langues disent qu’il était pro- Français et que le président François Mitterrand s’entendait très bien avec lui. On lui reproche, enfin, d’avoir ligoté et instrumentalisé la justice, en couvrant un de ses fils suspecté d’abus de confiance envers une banque. L’ex-président est aussi connu pour avoir servi ses proches qu’ils a nommés à des postes de responsabilités comme son beau-fils à la tête de la wilaya de Tipasa et son frère à celle de Sétif..