Premier forum international Roman-Algérie : Le pari de la littérature universelle

Premier forum international Roman-Algérie : Le pari de la littérature universelle

Balades littéraires, discussions, lectures poétiques, rencontres autour du roman,… voici les ingrédients de base du premier forum international roman Algérie (FIR-A).

Cet événement est le premier du genre et n’a rien à voir avec ce qui se fait au salon international du livre d’Alger (SILA) ou encore au festival international du livre jeunesse (FELIV).

Il s’agit pour Nadia Sebkhi, fondatrice de cette manifestation et la seule et unique revue littéraire L’ivrEscQ en Algérie, de remédier à la situation de danger dans laquelle se trouve actuellement la littérature algérienne. Pour ce faire, elle a réuni un peu moins d’une centaine d’auteurs d’ici et d’ailleurs pour en parler, mais surtout partager et protéger ce qui construit l’imaginaire des écrivains.

Sept lieux en mots

Pendant trois jours, du 13 au 16 décembre, ils sont réunis en huit lieux symboliques. Des écrivains de tous genres se sont donnés le mot au musée national des beaux-arts du Hamma, à la villa Abdelatif, à la bibliothèque nationale du Hamma, au centre d’études diocésain,  à la galerie Farid-Benya, à l’institut supérieur arabe de la traduction et à l’université Alger 2, avec un seul slogan : «Le roman au cœur des langues». Les langues, voilà ce qui tient le plus à cœur à Nadia Sebkhi. Cette langue du roman, elle ne la veut plus nationale ou encore algérienne uniquement, c’est à l’internationale qu’elle souhaite voir la littérature traduite mais surtout briller. En arabe, amazigh, français, anglais, espagnol ou encore en allemand. Les fondateurs du FIR-A ont voulu faire de leur événement, un espace hors du commun. Un espace où une passerelle littéraire serait enfin consolidée et que le rapprochement par le livre et pour le livre se crée. Pour eux, le livre autorise tous les voyages, il brise les frontières, il façonne le monde par la pensée. Une pensée qui traduit souvent le rêve.

Rachid Boudjedra en premier  

C’est l’auteur de L’hôtel st George  qui a ouvert le bal des festivités de ce forum. Les organisateurs ont tenu à rendre hommage à Rachid Boudjedra avant que les festivités ne soient lancées. Le romancier qui fête, cette année, ses cinquante années d’écriture, a été à l’honneur à la première session, en ouverture du Forum en même temps que Marcel Bois. Ce savoyard qui a l’Algérie dans le cœur, peu bavard mais tellement prolixe quand il est question de linguistique et de traduction. Il est entre autres celui qui a traduit l’œuvre complète de Benhaddouga, le père fondateur du roman algérien de langue arabe.  C’est également lui qui a traduit une partie de l’œuvre de Tahar Ouettar dont Ezzilzel, Noces de mulet et le recueil de nouvelles : Les Martyrs reviennent cette semaine… et plus encore, qu’il est difficile d’en faire la liste ici. Nadia Sebkhi et son équipe ont misé sur des thématiques telles que  «Le roman et sa place dans la littérature du monde», «La traduction : horizon et avenir du roman -Algérie», «La littérature algérienne d’expression arabe : un cheminement littéraire parcouru» et  «Littérature algérienne et sa place dans le monde contemporain».

Hommage à Assia Djebar

Assia Djebar a une de fois de plus réussi à faire vibrer les mots et les cœurs du public du FIR-A à la bibliothèque du Hamma, lundi dernier.

Cette écrivaine, devenue immortelle à l’académie française, s’est inscrite dans l’éternelle lutte et l’engagement des femmes, notamment des écrivaines algériennes. Fatma Bekhaî a été la première à raconter sa rencontre avec Assia Djebar.

Elle a raconté comment, lycéenne, malgré le mépris affiché de son enseignante (française), elle avait choisi un livre de l’immortelle. Instants d’émotion qui se sont poursuivis avec Maissa Bey, auteur de  Sous le jasmin la nuit (nouvelles, ed. l’Aube et Barzakh, 2004), qui a livré les souvenirs qu’elle a eus avec Assia Djebar.

Un souvenir qui date puisque Maissa Bey était encore enfant  lorsqu’elles s’étaient retrouvées au centre familial de Ben Aknoun. Elle s’est souvenue qu’Assia Djebar avait tenu à participer à une course organisée par le moniteur de la colonie de vacances.

Maissa Bey avait douze ans mais elle avait reconnu de fait celle qui marquera plus tard et à jamais la culture algérienne.

Maissa Bey a été marquée par cette rencontre mais aussi par le rapport au corps qu’a longtemps entretenu Assia Djebar dans ses écrits.

Un primo-roman l’IvrEscQ

Une tradition. Il y a un an naissait le prix littéraire l’IvrEscQ.

En mai 2014, Nadia Sebkhi a lancé à l’hôtel Hilton à l’occasion d’un forum de littérature, le prix qui récompense l’œuvre de jeunes écrivains.

Pas de critère précis, si ce n’est la qualité du texte et que ce texte soit une première contribution à enrichir les bibliothèques de la littérature algérienne. Pour rappel, elle a entrepris également au début de cette année, une escale littéraire qui s’est accordée autour de la question «de la critique journalistique à la critique académique».

C’est ainsi que se décline le programme du FIR-A, une excellente initiative mais il faut le préciser, le public et notamment les étudiants n’ont pas donné le change malgré les grèves qui ressurgissent actuellement dans les universités.  Ce forum international est nécessaire, voire vital.

Il contribue énormément au déploiement de la culture algérienne, en particulier la littérature autant sur le territoire national que vers l’international.

Il est clair qu’aujourd’hui, le SILA, à lui seul,  ne suffit pas. Il faudrait beaucoup plus d’événements liés au livre et dans toutes les villes algériennes.