C’est un discours inédit dans les annales de l’Education. Pour une fois, on aborde la qualité de l’enseignement comme priorité. C’est le nouveau ministre Baba Ahmed qui vient de placer cette question en tête de son agenda. Si seulement les actes rejoignent la parole…
Dire et faire sont deux. Mais parfois il est réconfortant d’entendre des mots que nous avons souhaités tellement entendre et qui étaient, pour longtemps, absents du vocabulaire.
C’est effectivement le cas pour le secteur de l’Education, lequel a suivi la vocation d’un mauvais mathématicien le temps de deux décades sans jamais mettre les comptes dans les balances appropriées. Installé nouvellement à la tête du département de l’Education nationale, le ministre Abdelatif Baba Ahmed ne tarde pas à afficher la couleur de sa politique.
Dans une déclaration faite, hier, sur les ondes de la Chaîne III, le ministre Baba Ahmed a souligné que «l’amélioration de la qualité de l’enseignement à travers des actions impliquant l’ensemble des acteurs concernés figure parmi les axes prioritaires de ce secteur».
Ce qui constitue, effectivement, un nouveau langage pour le secteur de l’Education qui, du temps de Benbouzid n’était préoccupé que par les problèmes socioprofessionnels tout en prenant le présent et l’avenir des écoliers en otage. «Actuellement, les chiffres sont éloquents et devant les insuffisances que nous connaissons, l’amélioration de la qualité (de l’enseignement) figure parmi nos priorités», fait-il savoir dans son tout premier discours depuis son installation à la tête du ministère de l’Education nationale.
M Baba Ahmed a estimé que cette qualité, qui concerne 9 millions de personnes composant la famille de l’éducation, est d’«un apport positif pour améliorer non seulement les résultats par les chiffres, mais également la performance dans la formation de nos jeunes écoliers».
Parmi les actions envisagées pour l’amélioration de la qualité de l’enseignement, il a cité notamment «l’effort supplémentaire que doit fournir l’enseignant, les moyens à mettre en place par la tutelle, la formation des formateurs et l’implication des parents d’élèves».
Au sujet des réformes introduites dans le système éducatif, le ministre de l’Education nationale a fait état d’un bilan qui sera fait prochainement pour voir «ce qui a été appliqué, ce qui a permis d’améliorer la qualité de l’enseignement et ce qui a engendré des problèmes».
«Cette réforme doit faire l’objet d’une analyse approfondie et d’une évaluation objective pour y apporter les correctifs nécessaires, car il est difficile de remettre en cause totalement une réforme qui a une existence d’environ une quinzaine d’années», a-t-il relevé.
Abordant le manque d’enseignants dans certaines régions du pays, le ministre a indiqué que pour cette année, «il y a plus de 16 500 postes ouverts pour le concours externe, auxquels s’ajoutent les 2 800 enseignants venant des ENS (écoles nationales supérieures), soit un total d’environ 19 000 nouvelles recrues qui renforceront le corps actuel estimé à 413 000 enseignants».
«Parmi les actions que nous sommes en train d’entreprendre, il y a l’instauration de l’égalité des chances entre les différents établissements pour essayer de lever les disparités qui peuvent exister çà et là, dans la mesure où certaines spécialités de l’enseignement accusent des déficits plus que d’autres». S’agissant des rapports avec les syndicats des enseignants, le ministre de l’Education nationale s’est dit «prêt» à privilégier la voie du dialogue et de la concertation pour «traiter tous les dossiers qui n’ont pas encore trouvé de solutions».
Il a estimé, à ce propos, qu’«une grande partie des revendications socioprofessionnelles a été satisfaite» alors que le reste sera examiné avec les syndicats concernés, tout en procédant par «ordre de priorité». D’autres préoccupations figurent également sur l’agenda du nouveau ministre. Mais il est toujours bon de commencer par le commencement. Espérons que cette fois sera la bonne…
Yasmine Ayadi