Pour sa première visite en Algérie, Amel Mathlouthi a animé un concert dans le jardin du Centre culturel français d’Alger qui s’est révélé trop petit pour accueillir les nombreux jeunes et familles venu découvrir la jeune chanteuse tunisienne.
Sur les coups de vingt heures, l’artiste, vêtue d’une petite robe d’été, rejoint la scène aménagée au milieu du jardin. Dès les premières notes vocales qu’elle entonne, elle imprègne le public du parfum de sa musique.
Un istikhbar long et puissant permet à Amel d’effectuer des prouesses vocales à couper le souffle. Le bassiste Boris Kulenovic lui donne la réplique. La voix de la chanteuse vire dans un ton plutôt rock.
La première chanson, Houdou (calme), n’a de calme que le titre. La musique forte contraste avec la voix douce de l’artiste. Le public qui ne connaissait pas Amel est sidéré face au grand talent de la chanteuse. A 27 ans, Amel Mathlouthi peut être considérée comme une valeur sûre dans son pays.
Autodidacte, accompagnée de sa guitare, elle n’hésite pas à brasser les genres, alliant le rock progressif à la musique orientale avec une touche folk. Le tout enrobé par une voix dont la beauté n’a d’égale que la puissance. A elle seule, elle emplit l’espace.
Sa voix envahit le jardin et déborde les murs du CCF, faisant profiter les voisins. Elle enchaîne avec un deuxième titre, Fi bali (dans mon esprit). La chanson, très personnelle, est dédiée au défunt Ernesto Che Guevara, un morceau plein d’émotion et de rage qui s’est accordé parfaitement avec les notes rock du guitariste.
L’ambiance s’électrise. Des feux d’artifice illuminent le ciel. Des youyous et une avalanche d’applaudissements secouent l’air. Une véritable symbiose s’est créée entre l’artiste et le public qui est resté figé face à la scène durant la prestation d’Amel.
Le moment est fort, l’artiste saisit sa guitare et entame son troisième titre, Trik twila (la route est longue), un morceau mélancolique. Le reste de la soirée, la chanteuse continuera à bien servir son public à la quête de nouveautés.
En sa compagnie, elle effectuera un voyage au cœur de sa musique et de ses influences avec une démonstration en live de la force de sa voix. Quant à sa musique, elle s’est caractérisée par une véritable harmonie entre la force, voire l’agressivité des sons metal, et la douceur.
Pour la dernière chanson du concert, Amel Mathlouthi, qui a exprimé sa joie de se produire en Algérie, reprendra un tube de Baaziz, Djebal mabin djebal (des montagnes entre les montagnes) avec un sympathique accent tunisien.
Après le concert qui a pris fin vers les 21h30, une vente du dernier album d’Amel Mathlouthi est organisée. Les CD se sont arrachés comme des petits pains.
D’origine tunisienne, Amel Mathlouthi a élu domicile en France depuis deux ans pour tenter une carrière internationale qui a l’air de bien démarrer.
La chanteuse a déjà à son actif une collaboration avec Jean-Jacques Milteau et est présentée comme l’une des voix les plus prometteuses. Elle écrit en arabe dialectal et en français mais ses compositions sont world music. Le son est recherché et les arrangements sont harmonieux.
A 27 ans, Amel a déjà montré qu’il ne suffit pas seulement d’avoir du talent mais qu’il faut le perfectionner. Ce qu’elle fait, et de manière admirable.