Le parcours de l’homme mérite d’être enseigné ou à défaut affiché à l’entrée de l’Ecole supérieure de journalisme.
La date du 14 avril de cette année ne sera pas anodine au niveau des rédactions de la presse écrite nationale. La disparition il y a un an jour pour jour de l’un de ses fondateurs, en l’occurrence Noureddine Nait Mazi un 14 avril 2016 à l’âge de 81 ans des suites d’une longue maladie, va certainement y convoquer tant de souvenirs et d’émotion.
Comment ne serait-ce pas le cas, alors que la plupart des fondateurs de ces journaux sont des disciples de Noureddine Nait Mazi qui a été le directeur du journal école El Moudjahid pendant de longues années. Le défunt n’était pas seulement pour beaucoup de directeurs de ces journaux, le maître qui leur avait appris le métier, mais il était aussi ce grand frère qui les protégeait et défendait leurs droits. Le directeur et fondateur du quotidien L’Expression Ahmed Fattani, l’un des disciples de Noureddine Nait Mazi à la rédaction d’El Moudjahid, a écrit au lendemain de sa disparition ceci: «Noureddine Nait Mazi était mon maître.
Il m’a appris le métier. Celui du chef de l’entreprise aussi. Il m’avait surtout recommandé de toujours rester humble et intransigeant jusqu’envers soi-même.» Pour le directeur du quotidien L’Expression, Noureddine Nait Mazi avait une conception différente du métier du journalisme. «Faire du journalisme pour lui c’est apprendre à servir. A se sacrifier, toujours se sacrifier pour son pays», a écrit M. Fattani. Le défunt ne chérissait pas le luxe et la vie à la manière des rois. «Toute sa vie, il s’était contenté de son petit «appart» de 80 m².
Il n’a pas conduit de voiture pour n’en avoir jamais possédé. A la fin, son épouse a dû suivre des cours de conduite pour pouvoir… faire tranquillement ses courses», a ajouté son ami Fattani. Noureddine Nait Mazi n’a pas opté pour cette vie faute de mieux, précisait le directeur du quotidien L’Expression. «Des villas? Des appartements? Des lots de terrain? Des voitures? Il aurait pu en posséder dix à la douzaine.» «Son intégrité, son honnêteté intellectuelle et surtout le sens moral qu’il tenait tant à conférer à sa longue vie de combattant lui interdisaient toute tentation d’envies matérielles», a expliqué Ahmed Fattani pour qui Noureddine Nait Mazi restera «un guide pour les journalistes algériens».
Le ministre de la Communication Hamid Grine qui lui aussi a eu le privilège de connaître Noureddine Nait Mazi, a écrit de lui alors qu’il était encore en vie cela: « Noureddine Nait Mazi est parmi les derniers mythes vivants de la presse écrite.»
Le mot mythe n’est pas du tout fort en parlant de Noureddine Nait Mazi a expliqué Grine. «Mythe d’abord, par sa conduite. Déjà quand il était militant nationaliste dans les années cinquante, le jeune homme faisait merveille: discipline, esprit de synthèse, clair dans ses idées et ses propos. Il étonnait ses aînés par sa foi en la Révolution algérienne.
Il était habité par la foi comme d’autres le sont par la passion de l’argent, du jeu ou des femmes.» Et d’ajouter «à l’indépendance, le voilà rédacteur du journal Le Peuple qui venait d’être créé par le FLN. Une année plus tard, il en devient un des rédacteurs en chef. Pourquoi a-t-il choisi cette voie de troubadour alors que l’Algérie était encore ouverte prête à offrir à celui qui voulait mordre, sans beaucoup d’égards pour elle, dans sa belle croupe? Cette question l’ aurait fait sourire, car toute sa vie il a combattu les opportunistes aux canines de vampires.
S’ il a choisi le journalisme c’est pour la bonne cause: «Un seul motif a guidé mon choix: la volonté de continuer à servir mon pays au mieux de mes compétences et il m’a semblé que l’information m’offrait la possibilité d’oeuvrer le plus utilement à la défense et à la promotion de ses causes.» Les propos et témoignages des amis et disciples de Noureddine Nait Mazi ne sont pas flatteurs ou exprimés dans le but de se dégager d’une reconnaissance qu’on doit pour des personnes dans pareilles situations, mais ils sont tous vérifiables pour ceux qui veulent s’en assurer. Noureddine Nait Mazi ayant vu le jour à Paris en 1935 aurait pu rester dans ce pays de lumières qui faisait rêver les jeunes du monde entier.
Non, l’homme comme on vient de l’apprendre ci-dessus à travers des témoignages de ses amis, n’avait pas dans ses veines ce genre de vie. Son coeur a toujours battu pour le pays de son père. Ses pensées s’étaient toujours tournées vers les souffrances de ses concitoyens. C’est pour ces raisons qu’il avait choisi de combattre d’abord, avec les moudjahidine pour l’indépendance de ce pays et ensuite, dans la bataille de l’édification de l’Algérie. Le parcours de l’homme mérite vraiment d’être enseigné ou à défaut affiché à l’entrée de l’Ecole supérieure de journalisme. Paix et miséricorde à son âme.