Prélèvement et don d’organe: Toujours un sujet tabou!

Prélèvement et don d’organe: Toujours un sujet tabou!
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Le nombre de patients nécessitant une greffe d’organe est passé de 15.000 patients en 2012 à 20.300 en 2015.

«L’encadrement juridique du don d’organe dans la loi sanitaire» c’est la thématique abordée hier par le président de l’association de don d’organe Biloba, Abderrezak Zebboudj, invité, hier, au forum El Moudjahid. Pour ce dernier, le don et le prélèvement d’organe des cadavres demeurent «un tabou» au sein de la société algérienne. Même si la religion et la législation en vigueur, autorisent les prélèvements et la greffe d’organe, l’adhésion de la société à cette action reste minime d’où la nécessité d’intensifier le travail de sensibilisation pour remédier à cette situation.

Pour M.Zebboudj, l’Algérie demeure parmi les pays qui n’ont pas enregistré des avancées dans le domaine de la greffe d’organe. Le nombre de patients ne cesse d’augmenter d’une année à une autre, on est passé de 15 000 patients en 2012 à 20 300 en 2015, dont la majorité est âgée de moins de 50 ans. «Les opérations de transplantation rénale à partir de donneurs vivants ou décédés sont en régression, ou du moins elles avancent à un rythme très lent avec une moyenne de transplantation de 150 par an, ce qui représente cinq greffes par million d’habitants. Donc, nous sommes encore très loin de la norme internationale qui est de 50 greffes par million».

Même si l’Etat a consenti de grands efforts pour la légalisation de cette pratique, avec la mise en place d’un cadre juridique lié au don d’organe appuyé par le département des affaires religieuses, les résultats réalisés sur le terrain sont encore loin des objectifs escomptés.

Concernant le contenu du projet de la nouvelle loi sanitaire et les articles traitant cette problématique, Dr Zebboudj indique que cette loi a pour objectif de réaliser une véritable avancée en matière de prise en charge des personnes malades qui sont dans le besoin de la greffe d’organe avec la légalisation du prélèvement d’organe sur des personnes en vie ou des cadavres.

Le prélèvement d’organes sur des personnes décédées est fixé dans l’article 454 de la nouvelle mouture du projet de loi «le prélèvement d’organe sur une personne décédée ne peut être effectué qu’à des fins thérapeutiques ou scientifiques, après l’établissement d’un constat de la mort conformément aux conditions définies par voie réglementaire».

Pour ce qui est du consentement, il est exigé selon l’article 455: «le consentement de la personne décédée est présumé, sauf si de son vivant, elle a fait part de son refus d’un tel prélèvement». Ce dernier estime que l’application de cette loi sur le terrain va se heurter à un vrai problème, «celui de la mentalité algérienne qui refuse de toucher aux cadavres, considérés comme sacrés». Pour ce qui est de l’élargissement du cercle de la greffe, ce dernier a affirmé que «le don d’organe est réservé actuellement à ceux qui ont des liens de parenté, pour ne pas prendre le risque d’ouvrir la porte aux trafiquants d’organes».

Pour remédier à cette situation, selon le président de l’association Bilobi, le seul moyen qui reste à faire, c’est l’intensification du travail de sensibilisation afin d’arriver à convaincre les Algériens d’adhérer à ce projet en encourageant le don d’organe soit par les personnes en vie ou après leur décès.

Même si le cadre juridique et religieux est en faveur de cette action, le refus de la société d’adhérer représente une entrave majeure à la réussite de cette action.