Le salafiste Abdelfetah Hamadache a publiquement apporté son soutien à Daesh
Le discours religieux extrémiste et l’interférence du salafisme radical dans les espaces médiatiques sont devenus flagrants.
Il fallait mettre le holà, il était temps, la situation est devenue trop dangereuse. Le gouvernement a enfin décidé de sévir. Des sources crédibles rapportent que des journaux de la presse privée ainsi que des télévisions ont été officiellement saisis par les services du ministère de la Communication. «C’est une ultime mise en garde avant que de lourdes sanctions ne tombent», affirme la même source soulignant qu’il est inadmissible que des médias, des journaux et les chaînes de télévision privées «ne se conforment pas aux référents religieux algériens». Cette mise en garde du gouvernent a été d’ailleurs confirmée hier par le journal Onleine TSA. «Devant l’ampleur des dépassements constatés et face à la multiplication de déclarations et de propos publics qui constituent une promotion, voire une apologie du terrorisme, l’État a décidé de sévir contre les auteurs de ces propos et les médias qui leur servent de tribune», a rapporté ce journal, citant une source autorisée du ministère de la Communication. «Elles ont été adressées à certains médias responsables de tels dépassements et des mesures ont été prises pour que de tels propos ne soient plus entendus ou lus dans les médias algériens», a-t-elle précisé. «Nous considérons que les médias ont la même responsabilité que les extrémistes qu’ils invitent», a ajouté la même source.
C’est le leader salafiste Abdelfetah Hamadache qui a mis le feu aux poudres. S’exprimant sur les ondes de la radio d’Echourouk (une Web radio), ce radicaliste islamiste a publiquement apporté son soutien à Daesh. Grave acte puni par la loi, surtout qu’il s’agit d’apologie du terrorisme. Ce même salafiste, souvent invité par des télévisions privées en Algérie, s’est à chaque fois distingué par des prêches incendiaires allant jusqu’à des appels au meurtre sans qu’il soit inquiété. On se rappelle de son appel contre l’écrivain Kamel Daoud.
La situation s’aggravait et des observateurs sont allés même jusqu’à soupçonner une collusion entre certains responsables du gouvernement et les milieux islamistes. Il y a des textes qui régulent le fonctionnement de ces médias. Il faut obliger ces chaînes à se conformer à ces textes. Cela ne s’est pas fait! Et dans l’affaire, que fait l’Autorité de régulation de l’audiovisuel? Certes, Miloud Chorfi a convoqué il y a quelques semaines ces chaînes impliquées dans ces travers extrémistes, mais a-t-il été soutenu, assisté et encouragé dans son travail? N’est-ce pas que le gouvernement fait le dos rond face à ces incursions récurrentes de discours radicaux et à la propagation de l’extrémisme religieux? Sinon, comment expliquer cette dangereuse passivité des autorités au moment où des manifestations pacifiques sont interdites, parfois même violemment réprimées? Pourquoi la justice ne s’est pas autosaisie alors que le ministre de la Justice, garde des Sceaux, Tayeb Louh, avait ordonné aux juges de le faire systématiquement? Au début de mai dernier, Tayeb Louh avait déclaré à partir de Tipasa que le parquet général doit s’autosaisir automatiquement dans toute affaire suscitant l’intérêt de l’opinion publique et à engager les procédures judiciaires qui s’imposent.

«Des instructions écrites ont été transmises à tous les parquets généraux pour leur rappeler ce principe et les inviter à s’autosaisir lorsqu’il s’agit d’une affaire susceptible d’avoir un impact sur l’opinion publique», a indiqué M. Louh. Les faits, les textes et les arguments existent. Il faut donc siffler la fin du laxisme. Et dans ce combat contre l’extrémisme salafiste, un membre du gouvernement s’est particulièrement distingué. Il s’agit du ministre des Affaires religieuses, Mohamed Aissa. Avec un discours modéré et anti-intégriste, Mohamed Aïssa souhaite contrôler l’émission des fatwas et mettre fin à l’anarchie des imams «cathodiques». Son ministère a d’ailleurs établi un plan d’action pour la création d’un Observatoire national de lutte contre l’extrémisme religieux en Algérie. L’Observatoire aura pour missions, entre autres, «l’analyse des phénomènes liés à l’extrémisme religieux, la mise à nu des plans élaborés en la matière et la proposition de solutions idoines».