Santé, éducation, APC, Fonction publique… pas moins de 20 secteurs sont marqués par des mouvements de protestation. On pourrait presque croire que personne n’est en train de travailler normalement. Nonobstant la légitimité, ou pas, des revendications des uns et des autres, ce qui est sûr c’est que beaucoup de citoyens se retrouvent pris en otages par ces grèves.
En ce moment, soit du 28 avril et jusqu’au 14 mai, ce ne sont pas moins d’une vingtaine de grèves qui sont en cours ou attendues.
On pourrait penser que ces débrayages portent sur des demandes d’intérêt général, telle la restructuration des différents secteurs, en demandant plus de moyens pour une meilleure gestion des établissements respectifs, de meilleures formations, de meilleurs services dans les hôpitaux que certains qualifient de «mouroirs», de meilleurs programmes dans les écoles, de meilleurs services dans les mairies…
Bref dans toutes ces administrations et structures, que les Algériens fréquentent et où, souvent, la moindre démarche tourne à un parcours du combattant, quand ce n’est pas au cauchemar. Il ne s’agit pourtant pas sur ces revendications que ces grèves portent. «Amélioration des conditions socioprofessionnelles», c’est la phrase récurrente que l’on peut voir sur pratiquement toutes les plateformes de revendications, tous secteurs confondus. «Le discours qui accompagne ces grèves porte souvent sur des revendications d’ordre personnel. Il ne s’agit jamais de faire grève pour un meilleur management, de meilleures formations, un meilleur matériel ayant trait à fournir un meilleur service au client, au patient ou autres», affirme Hamid, un père de famille, qui nous confie qu’il n’y a pas très longtemps, il a dû recourir à une maternité privée pour l’accouchement de sa femme. «Il n’y a pas de place ! », me disait-on dans les hôpitaux ou encore : «Vous devez aller dans une structure dans votre lieu de résidence. Mais tous m’accordaient le même sourire et finissaient leurs phrases de la même expression : Allah Ghaleb». Il y a un certain temps déjà, un jeune homme cancéreux de Annaba avait reçu une convocation pour bénéficier d’une intervention dans un hôpital de la région. Le problème, c’est que deux ans s’étaient écoulés depuis le diagnostic de son état. Entre-temps, la personne est décédée. Un exemple qui touche le secteur de la santé, mais qui peut s’articuler à foison dans tous les secteurs censés apporter, ce qu’on appelle «du service» aux citoyens. Bien sûr, on ne meurt pas du mépris d’un guichetier de la mairie d’à-côté ou de la daïra d’en face, mais quand même. «Allah Ghaleb, une formule bien pratique qui peut vous être servie partout dans ces établissements publics et à toutes les sauces. Moyennant quoi, un second, voire un sixième déplacement pour enfin – si vous tenez bon – arriver à vous faire entendre», poursuit-il. «Ils sont mal payés !», nous dit-on. Sans doute, mais est-ce la faute du patient qui a besoin d’un médecin ? Ou du retraité qui vient retirer sa maigre retraite ? On peut se lancer dans des revendications, mais sans prendre pour autant en otage ses concitoyens…
L.S