Praticiens spécialistes de santé publique,Fin des trois jours de grève

Praticiens spécialistes de santé publique,Fin des trois jours de grève

Les praticiens spécialistes ont achevé leur grève de trois jours jeudi dernier, avec un taux de suivi global de l’ordre de 80%. Ils entameront un débrayage illimité à partir du 1er avril prochain. Le syndicat semble être arrivé à un point de non-retour, alors que la tutelle s’obstine toujours dans sa position.

Pour le président du Syndicat national des praticiens spécialistes de santé publique (SNPSSP), Mohamed Yousfi, la situation d’impasse actuelle ne peut aboutir qu’à un seul résultat, à savoir le départ massif des médecins spécialistes. Une réalité amère, poursuit-il, qui va «nous conduire au bradage du secteur public et à la clochardisation de la médecine à travers la favorisation d’un secteur privé chaotique». Cette situation, précise-t-il, n’est pas seulement due au grand mépris affiché à l’égard des praticiens spécialistes, mais aussi à tous les problèmes qui minent le secteur de la santé, à commencer par les pénuries de médicaments, le manque de moyens au niveau des hôpitaux… D’où l’inévitable question, que toute personne sensée se doit de se poser, selon le Dr Yousfi : «A qui profite cette situation ?» Y a-t-il justement volonté d’en finir avec le secteur public et s’orienter graduellement vers le privé ? De toute manière, le Dr Yousfi pense que les seuls gagnants dans toute cette histoire ce sont les «patrons de cliniques privées». L’équation, pour lui, est simple à déchiffrer si l’on prend en considération le fait qu’en 2002, l’Algérie comptait 4 000 praticiens spécialistes et qu’en 2012, soit dix ans après, elle en compte seulement 8 000. Entretemps, souligne-t-il, les universités algériennes livrent chaque année une moyenne de 2 000 à 3 000 médecins spécialistes, ce qui laisse clairement apparaître que pas moins de 16 000 ont quitté le pays tout au long de cette période.

«Les rappels des spécialistes bloqués sur instruction »

Le Dr Yousfi a tenu à rappeler encore une fois que «toutes les manœuvres d’intimidation, de répression et de transgression des lois syndicales et des conventions internationales exercées par le département de Djamel Ould Abbès ne feront pas reculer une élite arrivée au comble d’une marginalisation scandaleuse». Ainsi, le président du SNPSSP fait savoir que la deuxième tranche des rappels des praticiens spécialistes a été bloquée sur instruction du secrétaire général du ministère de la Santé. «De quel droit nous privet- il de notre dû accumulé à la faveur de deux ans de labeur ?», clame-t-il. Aussi, il ajoute que l’administration a procédé à des ponctions sur salaire et que cela sera très bientôt constaté sur les fiches de paie du mois d’avril prochain. Sur ce point, il précisera que comme la loi autorise des ponctions sur salaire pour des journées de grève, elle permet également que la ponction soit négociée ou carrément éliminée une fois un compromis trouvé entre les deux parties. Mais le comble, selon toujours le Dr Yousfi, c’est l’utilisation par le département de Djamel Ould Abbès d’un opérateur téléphonique, en l’occurrence Djezzy, pour envoyer des SMS mentionnant que «la majorité des praticiens spécialistes n’a pas répondu à la grève». Toutes ces mesures, estime le président du SNPSSP, «visent on ne peut plus clair à faire avorter une grève légale et légitime». Mais pourquoi donc, s’interroge-t-il, «cet affolement du ministère de la Santé si véritablement notre grève a été suivie, comme il le prétend, à 4,5% ?».

LG Algérie

M. M.