Pr Saïd Chibane : le FFS est une “sadaka jariya” (don perpétuel) de Hocine Aït Ahmed

Pr Saïd Chibane : le FFS est une “sadaka jariya” (don perpétuel) de Hocine Aït Ahmed

o-PR-SAD-CHIBANE-570.jpgPour son procès devant la cour de sûreté de l’Etat en 1964, Hocine Aït Ahmed avait cité parmi les témoins, le Dr Saïd Chibane, compagnon au lycée de Ben Aknoun. 25 ans plus tard, Chibane a appris de la bouche d’un procureur qu’il avait, de concert avec le ministre de la justice de l’époque, décidé de ne pas le citer au procès.

Dans son livre sur l’affaire Mécili, Hocine Aït Ahmed, a confirmé qu’il avait cité son vieux compagnon de lycée comme témoin.

Cinquante ans plus tard, Saïd Chibane, a livré, avec une émotion contenue, au cours de la cérémonie du 40ème jour du décès de Hocine Aït Ahmed, organisée, samedi soir, au palais de la culture Moufi Zakaria, à Alger, le témoignage qu’il a été empêché, sans le savoir, de faire au sujet de Hocine Aït Ahmed.

Un témoignage articulé autour de la fidélité au serment de Hocine Aït Ahmed, la haute importance qu’il accordait au savoir, sa sagesse qui lui permettait de voir loin et de ne pas succomber aux visions étriquées qui ont traversé le mouvement national dont la «crise berbériste » a été l’un des points le plus visibles.

Imaginez, a dit Saïd Chibane, un jeune homme de 19 ans, en train de préparer son baccalauréat, qui du jour au lendemain se retrouve engagé dans le « serment du combat pour l’Algérie. »

Ce serment, témoigne l’ancien ministre des affaires religieuses, Hocine Aït Ahmed, l’a respecté jusqu’au bout en citant le verset 23 de la sourate Al-Ahzab :  » Il est, parmi les croyants, des hommes qui ont été sincères dans leur engagement envers Allah. Certains d’entre eux ont atteint leur fin, et d’autres attendent encore ; et ils n’ont varié aucunement (dans leur engagement); »

Hocine Aït Ahmed avait aussi le souci du savoir et après les évènements du 8 mai 1945 dans lesquels il était impliqué avec notamment Ali Laïmeche, il a décidé de travailler pour réussir son bac.

Il était, ajoute-t-il, constamment à la recherche de l’information utile au combat en révélant qu’il lui avait demandé au cours des années 46-47 alors qu’il se trouvait à Strasbourg, de lui procurer le « manuel du fantassin. »

Celui qui fera le fameux rapport au Comité Central de Zedine en 1948 préconisant la lutte armée et qui sera par la suite le chef de l’OS (Organisation Spéciale) avait déjà une vision des impératifs concrets de la lutte armée à venir.

Saïd Chibane a salué par ailleurs la grande sagesse de Hocine Aït Ahmed face à ce qui a été appelé la « crise berbériste ». Sa formation et son enracinement lui ont permis de comprendre, avant tout le monde, que les constituants de la société algérienne ne sont pas contradictoires et ne sont pas opposables.

L’ancien ministre des affaires religieuses a terminé son intervention en soulignant l’importance de la création du Front des forces socialistes (FFS) en septembre 1963.

C’est une école politique, une « sadaka jariya » de Hocine Aït Ahmed a-t-il ajouté dans un message politique particulièrement fort en direction des militants du FFS. La « sadaka jariya » ou don perpétuel, est dans la tradition une action qui dure après le décès de celui qui l’a accomplie.