Dans cet entretien, le professeur Menas Mesbah, enseignant en sciences politiques et relations internationales, explique les raisons de la multiplication, en ce moment, des sorties médiatiques et déclarations incendiaires et provocatrices marocaines contre l’Algérie.
Le Temps d’Algérie : On assiste, depuis quelques jours, à des sorties médiatiques de la part de parties marocaines contre l’Algérie. Pourquoi maintenant et quelles sont les motivations ?
Pr Menas Mesbah : Le Maroc a fait de mauvaises lectures. Il tente d’exploiter la situation interne algérienne et la situation sécuritaire prévalant dans des pays voisins pour faire pression sur l’Algérie et la pousser à faire des concessions dans le dossier du Sahara occidental.
Pourriez-vous être plus explicite ?
Il y a d’abord la situation interne à l’Algérie que le Maroc veut exploiter. Le pays voisin croit que le président Bouteflika est malade et que c’est le moment d’exercer des pressions sur l’Algérie pour que ce pays fasse des concessions sur le dossier du Sahara occidental. C’est une fausse lecture de la part du Maroc puisque le président Bouteflika va bien et que son état de santé n’est pas inquiétant.
Le président de la République n’a jamais changé la position algérienne concernant ce dossier. Et l’Algérie ne changera jamais sa position, parce qu’il s’agit d’une position de principe favorable à la décolonisation. L’Algérie n’est pas le seul pays à soutenir le droit du peuple sahraoui à décider de lui-même de son avenir.
Et au plan régional ?
Oui, le Maroc tente également d’exploiter la situation sécuritaire prévalant en Libye, celles prévalant aux frontières algéro-tunisiennes et au Mali pour tenter de faire pression sur l’Algérie, croyant que c’est le moment d’exercer cette pression. Le Maroc fait de fausses lectures car jamais la position algérienne ne changera puisqu’il s’agit d’une position de principe. Le refus de la colonisation est un de ses constantes.
Dans une lettre ouverte publiée par la presse marocaine, le chef salafiste marocain, Mohamed Fizazi, interpelle le président Bouteflika et lui demande rien moins que de se repentir et de se réconcilier avec le royaume chérifien. Le parti marocain El Istiklal demande la «restitution» par la force de Tindouf et de Béchar. Ces sorties vous semblent-elles concertées ?
Au Maroc, le pouvoir en place et l’opposition politique sont d’accord quand il s’agit du Sahara occidental. On assiste, actuellement, à un partage des rôles entre différentes parties politiques marocaines. Chacune de ces parties a une tache bien déterminée et agit pour le pouvoir marocain qui ne peut faire de telles déclarations lui-même car devenant officielles.
Le pouvoir marocain en place charge donc ces personnes et les partis politiques de jouer ce rôle pour son compte. Je le dis encore une fois, les lectures faites par le Maroc sont fausses et l’Algérie ne fera jamais de concessions sur ses principes en faveur de la liberté des peuples et de la décolonisation. Jamais ses positions ne changeront quelles que soient les circonstances.
M. A.