Pr Abderrezak Dourari « Il faut éviter l’échec de la normalisation du tamazight au Maroc »

Pr Abderrezak Dourari « Il faut éviter l’échec de la normalisation du tamazight au Maroc »

Dans une interview accordée à la radio chaine 3 ce lundi 8 février, le professeur Abderrezak Dourari, directeur du Centre national pédagogique et linguistique de l’enseignement de tamazight (CNPLET), indique que La  normalisation de tamazight qui fait suite à son officialisation peut être négative à la vitalité de cette langue.

« Une langue tire sa vitalité du fait qu’elle reste accrochée à ses locuteurs natifs. Or, une langue sortie des laboratoires  est quasiment « artificielle », personne ne s’y identifie  ni la défend », explique-t-il au journal.



« Si dans le processus de normalisation vous la transformez un peu trop et un peu trop vite, les gens ne s’y reconnaîtront plus.  Et quand les locuteurs ne se reconnaissent plus il y a personne qui la revendiquerait et personne ne l’utiliserait », estime le professeur dans cette entretien.

Selon lui, « cette langue est en danger, parce qu’il n’y a personne qui l’a revendique en tant que langue maternelle »

Il précise que«L’Algérie doit apprendre des expériences similaires, comme par exemple le cas de la normalisation de tamazight au Maroc qui est un échec ».

Pour ce qui est de la transcription de tamazight, Pr Dourari préconise tout d’abord de passer par « une phase de  polygraphie ». Seules les productions  scientifiques, littéraires et autres trancheront, dit il, en faveur d’un caractère plutôt qu’un autre.

M.Dourari se réjouit de la création de l’académie qu’il dit être une extension pragmatique de la décision d’officialiser tamazight. Pour mener à bien cette normalisation, cette instance devrait, selon lui, faire une évaluation de ce qui existe sur le terrain, faire un recueil de corpus de tout les parlés berbères algériens et faire une base lexicale informatisée.

Il estime qu’il est « Inutile de faire dans la précipitation. Un travail de normalisation sérieux permettant à la langue tamazight de s’introduire d’une manière suffisamment visible dans un domaine formel, pourrait prendre une cinquantaine d’années  »

Enfin, il conclut cette entrevue en parlant du développement de la langue tamazight et de son introduction dans certains domaines. « Il ne faut pas être pessimiste mais il ne faut pas être béatement optimiste non plus ».