Pouvoir d’achat,Le couffin toujours difficile à remplir

Pouvoir d’achat,Le couffin toujours difficile à remplir

Les pères et mères de familles ne manquent pas d’afficher leur dérision face aux seuls 3 000 DA dont le SNMG s’est vu revalorisé, à l’issue de cette rencontre tripartite (gouvernement-patronat-UGTA).

Augmentation des salaires, revalorisation du pouvoir d’achat des travailleurs… de grands et beaux sujets sur lesquels était axée la 14e tripartite des 29 et 30 septembre dernier. Mieux. Il y a ceux, en raison des différents mouvements sociaux qui ont secoué le pays ces derniers temps, qui ont espéré voir leurs conditions de vie s’améliorer. Mais malheureusement rien de tout cela…

Pourtant, sur le terrain, rien ne laisse présager une situation qui tend vers l’amélioration. Les pères et mères de familles ne manquent pas d’afficher leur dérision face aux seuls 3 000 DA dont le SNMG s’est vu revalorisé, à l’issue de cette rencontre tripartite (gouvernement-patronat-UGTA).

Tous estiment que cette énième tripartite n’est en fait qu’«une montagne qui a accouché d’une souris». Dans ce sens, certains estiment que «l’UGTA n’a vraiment pas de quoi crier victoire, encore moins à s’enorgueillir». Trouvant même «scandaleux» que Sidi Saïd qualifie «ces trois sous» d’«acquis arraché». Une chose est claire, c’est que tous se disent «une fois de plus trahis» et restent persuadés qu’au vu de la non-maîtrise de la hausse vertigineuse des prix des produits, notamment ceux de large consommation, ils continueront à rester otages de l’inflation et de la spéculation qui, diront-ils, «affaiblissent l’effet de ces augmentations des salaires».

En effet, Abdelkader, papa de quatre enfants, salarié dans le secteur privé, indiquera à ce sujet que «certes, les salaires ont été augmentés, mais concrètement cette augmentation on ne la ressent pas. Nous devons faire une véritable gymnastique financière pour subvenir aux besoins les plus élémentaires de nos foyers. Parfois même, on est contraint de s’endetter». Pour sa part, Mohamed, fonctionnaire de son état, père de trois enfants, rencontré à l’entrée du marché Ali Mellah dira, non sans amertume, «ne pas voir l’intérêt d’une telle augmentation» et qu’il suffisait «d’aller faire un tour au marché pour constater le coût des produits de première nécessité : huile, sucre …, sans parler des viandes, poissons ou fruits et même de certains légumes pourtant de saison, pour comprendre que cette augmentation n’apportera rien de plus à notre pouvoir d’achat». Non loin, Zahra également mère de famille, semble n’avoir rien raté de la discussion, et viendra ajouter son grain de sel, déplorant elle aussi «l’insignifiance d’une telle augmentation qui ne viendra pas nous aider pour faire face aux différentes dépenses : électricité, location, soins, achats scolaires pour les enfants…». Ainsi, force est de constater que cette question du pouvoir d’achat, source des différentes perturbations sociales, reste un sujet d’angoisse permanent de la majorité des familles algériennes qui bouclent difficilement les fins des mois. Pourtant, en réponse à cette revendication sociale par excellence, les pouvoirs publics ont consenti ces dernières années particulièrement plusieurs augmentations de salaires, intervenues dans le secteur de la Fonction publique et le secteur économique public. Ceci, en application des régimes indemnitaires et des conventions de branches. Néanmoins, au vu du faible impact sur les revenus des travailleurs, parfois inexistant pour les employés du secteur privé qui persiste à afficher une timide participation à la revalorisation des salaires des travailleurs, il est indéniable que l’amélioration du pouvoir d’achat, si elle n’est pas prise en charge par d’autres décisions plus conséquentes et surtout si on ne veille pas à sa stricte application, demeurera une équation difficile à résoudre pour les pouvoirs publics.

Par Lynda Naili Bourebrab