L’inflation galopante a complètement détruit ce qui reste du pouvoir d’achat des ménages algériens. C’est du mois ce qui ressort du mémorandum de l’Union générale des travailleurs algériens (UGTA) et le Conseil national économique et social (Cnes), qui sera soumis dans les prochains jours au chef de l’Etat.
L’amélioration du pouvoir d’achat des Algériens n’aura été que de courte durée. Les récentes augmentations salariales accordées par le gouvernement sont vite absorbées par une flambée des prix des produits de large consommation. L’inflation galopante a complètement détruit ce qui reste du pouvoir d’achat des ménages algériens.
C’est du mois ce qui ressort du mémorandum de l’Union générale des travailleurs algériens (UGTA) et le Conseil national économique et sociale (CNES), qui sera soumis dans les prochains jours au chef de l’Etat. Les institutions à la tête desquelles se trouvent respectivement Abdelmadjid Sidi Saïd et Mohamed Seghir Babès ont ainsi délivré un verdict sans concession.
Les deux instances font état, dans le mémorandum qui sera présenté prochainement devant la presse nationale, d’un tableau de bord en rouge sur le plan économique. Selon les informations que nous avons pu recueillir, ce mémorandum a relevé un pouvoir d’achat des travailleurs en perpétuelle dégradation.
La situation est prévisible, lorsqu’on sait que sur les cinq premiers mois de l’année, l’inflation est de 9,3%, selon l’Office national des statistiques. Celle des produits alimentaires est de 12,4%.
A quoi servent dans ce cas les hausses des salaires? Réponse de Sidi Saïd et de Babès: le relèvement du Snmg et la hausse des salaires en faveur des fonctionnaires et des travailleurs du secteur économique n’ont pas été suffisants car ils «ont été vite absorbés par l’inflation», selon la même source.
Pourquoi ce taux très élevé de l’inflation ? Selon les spécialistes, la spéculation et l’informel qui prennent des proportions alarmantes, ont une part de responsabilité. Pour le CNES et l’UGTA, le marché n’est pas à l’abri d’une spirale dérégulation chronique, ce qui met la stabilité sociale en danger, raison pour laquelle les deux institutions décident de sortir de leur silence. Les propositions de l’UGTA et du Cnes s’articulent autour de sept volets.
L’UGTA et le Cnes proposent de réformer «l’ensemble du dispositif de régulation monétaire et budgétaire en lien avec le rôle et la responsabilité de l’État». Dans ce cadre, la fiscalité en direction des opérateurs économiques doit être repensée dans le sens de plus d’égalité devant l’impôt et d’allégement de la pression fiscale pour encourager l’investissement et la création d’emploi.
Le mémorandum estime nécessaire d’opérer des changements profonds dans les missions de la Banque d’Algérie et dans la conduite. L’UGTA et le Cnes défendent l’idée de l’élargissement du système bancaire aux banques privées à capitaux nationaux et à des banques mixtes.
Le président du Cnes, Mohamed-Seghir Babès, et le secrétaire général de l’UGTA, Abdelmadjid Sidi-Saïd, militent également pour la révision des taux d’intérêt pour encourager l’épargne des ménages. Le mémorandum insiste sur l’urgence d’accroître l’offre issue de la production nationale.
À ce titre, la mise en place d’un système de crédit à la consommation, réservé «exclusivement» aux produits fabriqués localement, dont le taux d’intégration nationale dépasse les 30%, est souhaitée.
Une batterie de mesures relatives à la valorisation de la production nationale : assurer la stabilité juridique de l’organisation de l’économie, réactiver à brève échéance le conseil de la concurrence, mettre effectivement un conseil national de la fiscalité… sont autant de mesures préconisées dans le mémorandum.
Le mémorandum d’une centaine de pages, contenant près de quatre-vingt propositions, se veut comme une feuille de route à même de permettre aux pouvoirs publics de reprendre en main la situation en tant qu’Etat régulateur.
Mehdi Ait Mouloud