Poutine demande l’envoi de troupes russes

Poutine demande l’envoi de troupes russes

Le Conseil de la Fédération russe s’apprêtait hier à voter en faveur du recours à l’armée russe en Ukraine, à la suite d’une demande en ce sens du président Vladimir Poutine.

Le président russe Vladimir Poutine a demandé hier au Parlement d’approuver «un recours à l’armée russe en Ukraine» alors que la situation se dégradait en Crimée et que d’autres régions pro-russes du pays étaient elles aussi gagnées par des turbulences séparatistes.

«En raison de la situation extraordinaire en Ukraine et de la menace pesant sur la vie des citoyens russes, de nos compatriotes des forces armées russes déployées en Ukraine», M.Poutine a demandé au Conseil de la Fédération d’autoriser «le recours aux forces armées russes sur le territoire de l’Ukraine, jusqu’à la normalisation de la situation politique dans ce pays», selon un communiqué du service de presse du Kremlin. «Nous devons protéger nos citoyens», avait auparavant estimé la présidente du Sénat russe, Valentina Matvienko. Selon elle, il est «possible, en raison de la situation, d’envoyer un contingent limité (de troupes) pour garantir la sécurité de la flotte de la mer Noire et des citoyens russes qui vivent en Crimée».

Plus tôt dans la journée, le nouveau Premier ministre de Crimée, Sergiï Axionov, que Kiev considère comme illégitime, avait sollicité l’aide de Vladimir Poutine pour restaurer «la paix et le calme» dans la péninsule ukrainienne. La Russie dispose d’une force armée non négligeable en Crimée, dans le sud de l’Ukraine: la flotte russe de la mer Noire, qui compte quelque 20.000 hommes, est basée à Sébastopol, aux termes d’un accord entre Moscou et Kiev. Donetsk, Kharkiv, Simféropol, Sébastopol et d’autres villes encore… Pendant ce temps, les points chauds se multipliaient dans l’est et le sud russophones de l’Ukraine, selon l’AFP, qui signale des irruptions d’hommes armés dans plusieurs sites stratégiques ou d’importantes manifestations pro-russes.

La capitale, Kiev, semblait en revanche tranquille hier en début d’après-midi. Des dizaines de personnes ont été blessées à Kharkiv (est de l’Ukraine) en marge d’une manifestation pro-russe qui a conduit à la prise d’assaut du siège de l’administration régionale par quelque 300 manifestants. Des partisans des nouvelles autorités pro-occidentales de Kiev s’y seraient barricadés. Plus de 10.000 personnes ont manifesté hier matin à Donetsk, fief du président déchu Viktor Ianoukovitch dans l’est de l’Ukraine, contre les nouvelles autorités de Kiev en brandissant des drapeaux russes. Sur un podium improvisé, des intervenants déclaraient soutenir «l’aspiration de la Crimée à rejoindre la Russie». En Crimée, épicentre jusqu’ici de la crise, Kiev a accusé la Russie de déployer des milliers d’hommes supplémentaires.

«La Russie a accru le nombre de ses troupes de 6000 hommes» en Crimée, a affirmé le ministre de la Défense Igor Tenioukh. Près de 30 blindés ont aussi été déployés, a-t-il dit, dénonçant une «violation grossière» des accords régulant la présence de la flotte russe de la mer Noire en Crimée.

«La présence inadéquate des militaires russes en Crimée est une provocation», mais «les tentatives de faire réagir l’Ukraine par la force ont échoué», a averti le Premier ministre Arseni Iatseniouk. Selon lui, la Russie tente actuellement de répéter le scénario mis en oeuvre en 2008 dans la région géorgienne séparatiste d’Ossétie du Sud, où elle avait lancé une opération militaire éclair contre les autorités de Tbilissi, et dont elle a fini par reconnaître l’indépendance. Au titre de la présence de sa flotte de la mer Noire, la Russie a le droit de déplacer des troupes dans la péninsule, mais elle doit en informer les autorités ukrainiennes 72 heures à l’avance, ce qui n’a pas été fait, selon le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Andriï Dechtchitsa.

Les Occidentaux n’avaient pas fait mystère ces dernières heures de leur vive inquiétude quant aux derniers développements en Crimée. «Ce que nous vivons actuellement en Crimée nous inquiète», a déclaré la chancelière allemande Angela Merkel lors d’un discours à Berlin.