La délinquance prend un nouveau visage. Le manque de revenus, les licenciements «abusifs», la cherté de la vie et le chômage, sont autant d’ingrédients qui sont derrière un nouveau phénomène en Algérie.
Il s’agit des braquages de la «crise». Après les jeunes cambrioleurs, c’est au tour des pères de familles de s’attaquer aux commerçants et propriétaires de maisons afin de voler leurs biens ou leur argent pour trouver de quoi se nourrir.
Des vols de petits «butins» se sont multipliés ces derniers mois dans certaines villes du pays, les stations-service, les magasins et surtout les appartements où plusieurs cambriolages ont été commis par de jeunes agissant en réseaux. Ce qui étonne le plus ces derniers temps, ce sont les pères de familles, parfois même des femmes, qui, faute de revenu, commettent des braquages pour tenter d’avoir de l’argent, puisque beaucoup d’entre eux ont été licenciés et que d’autres sont au chômage depuis des années. A ce propos, plus de 2 000 vols ont été commis pendant le seul mois de septembre dernier, selon un bilan livré par la cellule de communication de la Gendarmerie nationale. Le bilan parle de lui-même. En moyenne, 70 vols sont commis en une seule journée. L’action des gendarmes a permis d’arrêter 1 192 personnes qui seraient derrière ces braquages.
A ce titre, il a été relevé que les affaires de vols avec 1 630 faits représentent 81,62%, des atteintes aux biens, soit une hausse de 58,01% par rapport au mois de septembre 2010 (905 affaires). Cette recrudescence inquiétante des braquages dans le pays était, selon les spécialistes, prévisible, dans la mesure où la «crise» qui a touché beaucoup de familles algériennes serait derrière cette situation. Plusieurs braquages ont eu lieu durant ces derniers mois, notamment à Alger. La capitale n’a pas été épargnée par des «attaques» préméditées par des pères de familles en manque d’argent. Récemment, un homme âgé de 52 ans s’est introduit dans un appartement situé au quartier la Glacière. Muni d’une bombe de lacrymogène, ce père de famille a volé une télé et une somme d’argent. Quelques jours après, il a été interpellé par les services de sécurité, après avoir été identifié à partir d’un indice prélevé par la police scientifique sur le lieu du braquage. Dans ce quartier, trois vols à main armée ont été commis en l’espace de deux semaines. Parmi les victimes, une femme âgée de 82 ans, chez laquelle deux individus ont pénétré dans la nuit, il y a deux semaines, et à laquelle ont été dérobés des bijoux ainsi qu’une somme d’argent. Même si le butin est parfois maigre, la situation témoigne de l’accroissement des braquages. Comment un homme de 75 ans bascule aujourd’hui dans la délinquance ? Comment devient-on braqueur ? Autant de questions qui témoignent de la difficulté de la vie pour ces pères de familles contraints de voler pour tenter de survivre et nourrir leurs progénitures.
Ils se mettent pour la première fois dans la peau des braqueurs
Commettre un braquage pour la première fois est une chose difficile à imaginer. C’est le cas de 13 jeunes personnes, parmi elles une mineure, qui ont été récemment interpellées par la brigade anti-crime de la Gendarmerie nationale d’Ouled Yaich pour 11 braquages. ces personnes sont âgées entre 15 et 23 ans. Leur chef, surnommé l’«araignée» est âgé d’à peine 17 ans et sa complice, la plus jeune de la bandede 15 ans, ont été arrêtés le 12 août dernier, à Ouled Yaich, à Blida, par les gendarmes, pour onze cambriolages dans plusieurs cités de la localité.
En effet, selon le capitaine Zaâboub de la brigade de la Gendarmerie nationale de la wilaya de Blida dont le siège est à Ouled Yaich, ce réseau de malfaiteurs était en activité depuis six mois. Durant cette période, la bande a commis onze cambriolages, volant plusieurs micros portables, téléphones portables mais surtout une quantité de bijoux estimée à plus de 70 millions de centimes.
Les biens volés seront vendus par la suite au marché de Bab Errahba, à Blida. La fille âgée de 15 ans est le chef de bande et c’est grâce à elle que le reste du groupe vole tranquillement et sans aucune difficulté. Elle localise les maisons «vides», informe ses acolytes, et lors du cambriolage elle guette les va-et-vient des personnes ou, au pire des cas, l’arrivé des services de sécurité.
Les cambriolages ont été commis dans plusieurs cités populaires, notamment les cités des 120 logements, 150 logements, 1 000 logements, et dans le quartier appelé Hai Touarès. Ce sont les secteurs ciblés par cette bande, spécialisée dans le cambriolage d’appartements. Certains éléments de la bande sont des repris de justice, et d’autres sont recherchés dans le cadre de mandats d’arrêt lancés contre eux.
Comment les malfaiteurs ont-ils été identifiés ? Et comment le réseau a-t-il été localisé ? En fait, l’identification de ces jeunes malfaiteurs a commencé le 12 août dernier, lors d’une tentative de cambriolage perpétrée par le chef de cette association de malfaiteurs, en l’occurrence l’«araignée». Ce mineur de 17 ans escalade les murs des immeubles sans difficulté. Cette nuit-là, il a escaladé trois étages, là où le butin l’attendait. Cela lui a été fatal, car en arrivant au 3e étage, l’«araignée» s’est blessé au niveau du coude.
Il a laissé des traces de son sang ainsi que des empreintes, ce qui a permis aux gendarmes de la police technique, après avoir été alertés par le propriétaire de la maison, de procéder à leur prélèvement. Après les résultats des tests ADN effectués en quelques heures, le mineur sera identifié et arrêté par les gendarmes le 12 août dernier. Ce jour-là, les douze autres jeunes personnes qui composent la bande ont été interpellés et présentés au tribunal de Blida. Les biens volés récupérés.
Par Sofiane Abi